art. 149, janvier 2013 • Moncef Khemiri : «André Malraux et Démétrios Galanis» (PAM n° 2, 2001-2002)

Moncef Khemiri, auteur du récent André Malraux écrivain d’art, s’intéresse aux rapports entre Malraux et le premier des peintres à qui l’écrivain consacra un article : Démétrios Galanis. Bâtie sur une profonde et fidèle amitié, la relation entre les deux hommes s’est prolongée dans le partenariat éditorial; elle a surtout permis au jeune Malraux de se faire critique d’art et d’affirmer certains des principes fondamentaux de sa conception de la création artistique sur lesquels continuent de se fonder ses écrits sur l’art d’après-guerre.



La fréquentation par le jeune Malraux des milieux littéraires et artistiques dans les années vingt et ses dialogues avec les poètes et les peintres ont beaucoup compté dans sa formation littéraire et esthétique. Il avait besoin, lui qui est un autodidacte de l’art comme l’illustre Elie Faure, afin de se familiariser avec la création littéraire et artistique de son temps, de connaître les maîtres de l’art moderne et de discuter avec eux. Et c’est ainsi que ce jeune homme sans appui, riche de son ardente intelligence et d’une culture foisonnante, réussit en ces années vingt à s’insérer dans «ce petit univers qui, de la place du Tertre à la rue Campagne première, produit à peu près tout ce qui s’écrit, se peint et se compose dans Paris», comme le note si bien Lacouture dans sa biographie André Malraux. Une vie dans le siècle.

Les poètes et les peintres, le jeune Malraux allait à leur rencontre, vers les années 1918-1920, en venant de Bondy à Montmartre, quartier pour lequel il avait un attachement particulier, parce que d’une part, il y était né, exactement au 53 rue Damrémont en 1901, et d’autre part parce que ses parents s’y étaient mariés en 1900. D’ailleurs dans Le Miroir des limbes, le narrateur, évoquant un dîner au restaurant à Montmartre avec Max Jacob, voit surgir dans sa mémoire le souvenir de ses parents : «Derrière nous […] le Sacré-Coeur. Et la petite église Saint-Pierre de Montmartre, où se sont mariés mes parents…»

Parmi les premiers artistes qu’il a connus à cette époque, vient en tête le peintre et graveur Démétrios Galanis. Tous les critiques qui se sont penchés sur la jeunesse littéraire de Malraux et sur sa formation esthétique – notamment André Vandegans, Walter Langlois, Pascal Sabourin, Jean Lacouture ou Curtis Cate – ont souligné l’importance de cette première amitié artistique dans la vie et l’oeuvre de l'auteur. Cette amitié a été pour le jeune Malraux puissamment fondatrice et inaugurale. Grâce à Galanis qui était en relation avec de nombreux autres peintres et poètes, Malraux va s’insérer plus facilement dans le milieu artistique parisien. Ensuite son amitié avec Galanis, fondée sur l’estime et la communion dans l’art, annonce un type de relations avec les artistes modernes que Malraux cultivera toute sa vie, notamment avec Alexeieff, Braque, Masson, Fautrier, Rouault ou Picasso. Elle a aussi projeté l’auteur dans le domaine de la critique d’art puisqu’il écrira son premier article de critique d’art sur Galanis, à la demande de celui-ci. Elle lui a donné ainsi l’occasion de mettre en forme sa conception de l’art et son approche comparative de l’art et lui a enfin fait aimer le livre d’art, ou plus exactement le livre illustré dans l’édition duquel il tentera lui-même de s’illustrer.

 

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© www.malraux.org / Présence d’André Malraux sur la Toile

Texte mis en ligne le 1er janvier 2013

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