art. 221, mai 2018 | document • «Les nouvelles fouilles françaises en Afghanistan», «L’Illustration» du 9 février 1929

 

Présence d'André Malraux sur la Toile, article 221, mai 2018

Revue littéraire et électronique de <www.malraux.org> / ISSN 2297-699X

 


 

L'Illustration, n° 4484, 9 février 1929, p. 130-133.


 

Les nouvelles fouilles françaises en Afghanistan

C'est à Hadda, à mi-chemin de la frontière des Indes, en Afghanistan, qu'ont été effectuées les nouvelles fouilles de la mission française, au cours des deux campagnes d'hiver qui viennent de s'écouler. Cette localité est située aux limites d'un élargissement de la vallée de Kaboul où débouche en s'étalant une rivière descendant de la montagne voisine. Ce pays dut être riche, mais l'abandon des canaux d'irrigation y a depuis semé la ruine. M. Barthoux y avait repéré une cinquantaine de sites anciens, mais treize d'entre eux seulement ont pu être épuisés. Encore fallut-il multiplier les précautions et s'entourer d'une escorte importante pour contenir l'hostilité de la population excitée par les moullahs (prêtres musulmans [sic]), car il y a dans cette région des tombeaux vénérés que visitent de nombreux pèlerins. Il arriva que les chantiers fussent pillés et dévastés, et les membres de la mission faillirent même être les victimes de deux tentatives criminelles d'empoisonnement. Lorsque les premiers vestiges eurent été mis à jour, le chef de la mission attira l'attention du gouvernement afghan sur la nécessité d'en assurer la conservation par un gardiennage; mais, avant qu'aucune mesure de ce genre eût été prise, des vandales ignorants et cupides mirent tout à sac démolissant les plus belles pièces pour récupérer ce qui pouvait présenter à leurs yeux quelque intérêt commercial. Aujourd'hui, il ne reste plus que des amas informes aux endroits où s'élevaient les beaux édifices si péniblement dégagés et nettoyés. Heureusement, les objets les plus importants avaient été mis de côté et de nombreux relevés et dessins exécutés.

Les sites anciens ne sont plus marqués que par de petites collines de décombres et c'est leur nombre seul qui autorise un jugement sur l'importance des localités au large desquelles ils se répartissent. Ces localités sont d'ailleurs mentionnées par les pèlerins chinois qui, du quatrième au septième siècle, traversèrent l'Afghanistan actuel, en venant du nord, et nous ont laissé de précieuses relations de leurs voyages. Certains termes géographiques peuvent être aisément identifiés. Hadda, par exemple, était au sud du Ningarahara, nom qui désigne toujours, avec une légère déformation, le district de Djelalabad. Les grottes, ainsi que de véritables salles hypogées, se trouvent en très grand nombre tout le long du plateau qui s'étend au-delà du village. Il y avait donc là un champ important d'exploration, et MM. Foucher et Godard y avaient entrepris eux-mêmes les premiers sondages. Les résultats obtenus par eux laissaient entrevoir la possibilité de nouvelles fouilles fructueuses mais toutes les espérances ont été dépassées.

Dans l'ensemble, la mission française n'a pas trouvé moins de 6.000 statues ou statuettes et exhumé 500 de ces édifices très particuliers qui portent le nom de stoupas et étaient, pour les plus grands d'entre eux tout au moins, le centre d'une fondation bouddhique.

 

 

Les illustrations accompagnant l’article seront mises en ligne prochainement.

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