art. 172, janvier 2016 • Derek Allan : «La théorie de l’art d’André Malraux : défis à l’esthétique traditionnelle»

Texte de la conférence donnée par le professeur Allan à la Hampstead Authors’ Society de Londres, en 2010, et traduit en français à partir de notes par Brian Thompson.


Extraits : /

Tout cela est évidemment très intrigant. Si nous voulons comprendre le monde de l'art qui est le nôtre aujourd'hui, qui contient des quantités d'objets de la sorte que j'ai évoquée – objets qui n'étaient pas à l'origine considérés comme de l'art –, alors nous avons besoin d'une explication. Comment expliquer le fait qu'une sculpture égyptienne, par exemple, que nous rencontrons au Louvre et admirons comme de l'art, est venue d'une culture dans laquelle la notion même de l'art était inconnue et où la sculpture fut créée dans des buts rituels et religieux ?

Malheureusement, vous lirez très peu sur ce problème dans les manuels sur l'esthétique ou, étonnamment, même dans des livres sur l'histoire de l'art. En général, l'esthétique est «en déni» de réalité, comme on dit communément, sur cette question. La réponse standard (je l'ai entendue il y a à peine quelques semaines dans un colloque d'esthétique important aux Etats-Unis) est de dire que quoi que les hommes des cultures anciennes aient pu dire ou faire, ils réagissaient «vraiment» aux objets que nous appelons de l'art de la même façon que nous aujourd'hui. Ainsi, même s'ils adoraient les objets comme des dieux, que la notion de l'art n'existait pas pour eux, que l'institution d'un musée d'art leur était également inconnue, que nous mettons ces objets en exposition publique tandis qu'eux les scellaient souvent dans des tombes ou les dérobaient à la vue, qu'eux ne se souciaient pas de préserver ces objets (comme dans maintes cultures tribales africaines) tandis que nous les préservons avec le plus grand soin, en dépit de tout cela, nous avons néanmoins tout à fait le droit de dire – ainsi affirme-t-on – qu'ils réagissaient «vraiment» à ces objets de la même façon que nous, c'est-à-dire, comme l'on réagit devant des objets d'art (ce que l'on entend habituellement comme des exemplaires de beauté destinées à susciter un «plaisir esthétique»).

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Texte mis en ligne le 22 janvier 2016.

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