art. 198, avril 2018 • M. Khemiri : «André Malraux et l’art médiéval. Approche comparative de l’imaginaire de la vérité», (pam, hs2, 2007 et 2018)

Moncef Khemiri                                                                                

 

André Malraux et l'art médiéval

Approche comparative de l'imaginaire et de la vérité

 

« Nous appelons époque romane le temps où la vie chrétienne s’ordonne en civilisation […] ».

Dans un entretien avec André Suarès, Malraux a rappelé à son interlocuteur qu’ [il a] « été formé par le christianisme, [qu’il] a eu la foi jusqu’à seize ans, [et que] le christianisme a pour [lui], une réalité que le bouddhisme, malgré la connaissance qu’ [il] en a, n’atteint pas ». Et bien qu’il affirme avoir perdu la foi, Malraux blessé en 1944, réclame l’Evangile selon saint Jean. Et dans sa mémoire, les paroles de Jean et celles du Christ s’élèvent comme une psalmodie.

Dans Lazare, titre à la résonance profondément évangélique, l’auteur associe ce qu’il croit être sa mort à l’agonie du Christ et se souvient du « Lama Sabachtani » de Marc, déjà cité dans Les Voix du silence. En outre, face au général de Gaulle, Malraux se définit comme « un agnostique ami du Christianisme ». C’est sans doute dans le sens fort qu’il emploie ce mot d’« ami ».

Car quoi qu’il dise, il n’y a pas une « foi » avec laquelle Malraux vibre et dont l’imaginaire résonne profondément en lui autant que le christianisme.

Et comme l’a relevé le général de Gaulle, Malraux parlera de l’art religieux médiéval comme s’il avait la foi, et mieux encore comme un érudit versé dans les débats théologiques les plus complexes, notamment dans ceux qui ont trait à l’image et à l’invisible. Ainsi, dans Le Surnaturel, pour définir l’essence du christianisme médiéval, il se référera non pas au « Dieu est amour » de saint Jean, mais à son livre l’Apocalypse : « Bien que Dieu soit amour, bien que l’homme l’atteigne par l’amour, il n’en reste pas moins fondamentalement mystère. Révélation, en grec, se dit apocalypse – et on vénère le tombeau de saint Jean, à Ephèse, presque à l’égal du Saint-Sépulcre ». Au Moyen Age, c’est saint Bernard, pense Malraux, qui a le mieux exprimé le mystère divin en l’associant à l’amour du Christ. L’auteur cite dans Le Surnaturel un passage de la polémique qui a opposé saint Bernard à Abélard. Saint Bernard reproche à Abélard son approche rationaliste de la foi : « Incomparable docteur vraiment, crie-t-il à Abélard, qui étale les secrets de Dieu, nous expose le mystère caché depuis des siècles, avec tant de lucidité et d’imagination qu’il ne s’y trouve plus rien d’impénétrable pour le premier pécheur ou le premier païen venu – comme si la sagesse de Dieu avait caché en vain ce que nous ne pouvons voir ».

 

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