art. 131, avril 2012 • Dominique Villemot : «Malraux, l’Espagne et “L’Espoir” (1936-1939)» – (PAM n° 1, 2001)

L'Espagne constitue, dans la vie et l'œuvre d'André Malraux, un moment capital. Dominique Villemot, auteur de Malraux et la politique (L'Harmattan, 1996), montre à quel point la guerre civile a profondément changé l'homme et sa pensée politique.

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L'engagement espagnol a constitué une étape extrêmement importante dans la vie et l'œuvre d'André Malraux. La richesse de cet engagement, qui recouvre toute la durée de la guerre civile, mérite que l'on s'attarde à décrire plus précisément ses caractéristiques, sa nature, sa portée et son origine. Au-delà, il convient aussi de chercher à appréhender son impact sur la pensée politique de Malraux.

Il est toujours difficile d'apprécier le rôle et l'influence exacte de quelqu'un qui, d'une part, était avant tout un écrivain, et donc romançait les événements qu'il vivait, et qui participa, d'autre part, à un engagement politique très marqué, qui, comme tel, a suscité de fortes critiques.

Le commandant de l'escadrille « España » a été critiqué pour son amateurisme et l'efficacité de ses actions qui auraient été surestimée. Certes Malraux n'avait jamais piloté un avion (ce qu'il ne prétendit d'ailleurs jamais n'avoir fait), ni manié une mitrailleuse ; il s'initia aux armes sur place. Mais son engagement sur le champ de bataille fut bien réel et son courage physique indiscutable. D'août 1936 à février 1937, il prit part à 65 missions aériennes, combattit à Medellin, Madrid, Tolède et Teruel et fut blessé en décembre 1936. Quant à l'efficacité : l'intervention du 17 août à Medellin de l'escadrille « España » a probablement sauvé Madrid. Les historiens s'accordent d'ailleurs aujourd'hui à reconnaître une efficacité réelle de l'escadrille de Malraux, qui permit au gouvernement espagnol de tenir durant l'été 1936 et d'attendre l'arrivée des brigades internationales. En fait, l'une des forces de l'escadrille fut peut-être d'être composée de professionnels, de mercenaires, et non d'idéalistes. Paradoxalement, les militants antifascistes volontaires y étaient très minoritaires, au moins au début. D'une certaine façon, on peut donc dire que Malraux fit preuve de professionnalisme.

 

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© Présence d’André Malraux sur la Toile / www.malraux.org

Texte mis en ligne le 22 avril 2012.

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