art. 137, avril 2012 • Marie-Sophie Doudet : «Des images assez puissantes… Les transpositions d’art dans “Sierra de Teruel“» (PAM n° 1, 2001)

Sierra de Teruel, hymne à la terre espagnole, multiplie les références et les allusions à la peinture espagnole, à Goya surtout. Marie-Sophie Doudet, chercheur à l'Université Paul Valéry de Montpellier, montre cependant que les transpositions d'art dans l'espace cinématographique dépassent le cadre de la peinture ibérique et la simple référence thématique pour servir la puissance expressive d'un propos tragique et poétique.

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« Regarde ça : quel tableau ! » s'exclame Magnin qui contemple aux côtés de Scali la descente solennelle du cortège des blessés et des morts aux creux des montagnes espagnoles. Malraux définit là par cette brève exclamation toute une esthétique qui vise, par le biais des transpositions d'art, à pérenniser ses grandes scènes romanesques et à leur conférer cette mystérieuse présence, cet énigmatique pouvoir des formes qu'il ne cessera par la suite d'interroger dans ses écrits sur l'art. Si l'adaptation cinématographique de L'Espoir élimine, avec bien d'autres éléments, cette remarque fondamentale de Magnin qui établit clairement la volonté de Malraux de « picturaliser » son univers romanesque, cela ne signifie pas pour autant que, devenu pour un temps cinéaste, l'écrivain abandonne ce jeu de transferts esthétiques. Il s'agira au contraire pour lui de trouver des équivalents cinématographiques pour créer des effets identiques à ceux du roman : la descente de Linares sera effectivement un tableau, une scène significative qui puisera sa puissance émotive dans le savant contrepoint qui orchestre les plans, les images, la musique et la culture. Après avoir montré en quoi certaines scènes de Sierra de Teruel peuvent être mises en rapport avec les œuvres phares du musée imaginaire malrucien, apparaissant ainsi comme les symétriques des transpositions d'art de L'Espoir, on s'interrogera sur les raisons qui ont motivé l'établissement de ces correspondances entre un film qui relate le drame de la guerre d'Espagne et un domaine de références picturales qui, pour l'essentiel, concerne ce que l'écrivain nommera plus tard l'Irréel.

Fréquentes dans L'Espoir, les transpositions d'art sont également présentes dans l'adaptation cinématographique du roman. Elles concernent en toute logique la peinture espagnole sans pour autant s'y limiter. Comme dans son roman, Malraux combine les références et fait dialoguer les formes qu'il admire.

 

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© Présence d’André Malraux sur la Toile / www.malraux.org

Texte mis en ligne le 22 avril 2012.

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