Biographie en 30 dates

1901
Naissance d’André Malraux à Paris le 3 novembre.
1918
Malraux renonce au lycée. Il va entreprend de très vastes lectures diverses, mais souvent liées à la littérature (de Shakespeare à Dostoïevski, de Michelet à Rimbaud, etc.) et aux textes de l’Orient (par ex. : La Bhagavad-Gîtâ et le Daodejing, ou les textes de Shankara, philosophe indien contemporain de Charlemagne). Il fréquente assidûment les musées. Il y découvre passionnément la peinture et la sculpture de toutes les époques et de toutes les régions du monde. Sa formation intellectuelle, solide et éclectique, a lieu en dehors du creuset scolaire et universitaire. Elle est donc particulièrement réceptive aux mouvements de la pensée inattendus et inhabituels que ne pratiquent pas les institutions scolaires de la IIIe République.
1923
Voyage en Indochine. Avec son épouse Clara et son ami d’enfance Louis Chevasson, Malraux descelle des statues dans un temple khmer perdu dans la forêt. Il est arrêté par la police, puis condamné à 3 ans de prison. Il obtiendra ensuite un an de sursis.
1925
Malraux revient à Saigon avec Clara. Il y dirige pendant six mois un journal d’opposition au régime colonial corrompu. C’est L’Indochine, puis L’Indochine enchaînée.
1926
Malraux publie La Tentation de l’Occident, fruit de ses réflexions sur l’Extrême-Orient. En 1928, ce sera son premier roman asiatique, Les Conquérants, puis en 1930, La Voie royale, transposition romanesque de son expédition dans la forêt vierge.
1929
Premier grand voyage en Perse. En 1930, retour en Perse puis en Afghanistan. En 1931, tour du monde par la Perse, l’Afghanistan, le Cachemire, l’Inde, la Chine, le Japon et les Etats-Unis.
1931
Léon Trotski polémique avec Malraux au sujet de la manière dont Les Conquérants (1928) représentent la Révolution (les événements survenus à Canton en 1925). Le romancier lui répond d’égal à égal.
1933
Malraux prend une part très active dans les réunions et les meetings politiques opposés au nazisme qui vient de triompher en Allemagne. Cet engagement le rapproche des communistes français et russes. Il publie La Condition humaine, roman de la révolution chinoise (les événements de Shanghai de 1927), qui lui assure une immense notoriété.
1934
Malraux part à la découverte du Yémen, sur les traces de la légendaire reine de Saba. L’avion, piloté par Corniglion-Molinier, atterrit d’abord en Egypte où Malraux découvre le musée du Caire et Guizeh. C’est ensuite Djibouti, puis le survol périlleux du Yémen. Après un passage en Ethiopie, l’avion rentre par l’Algérie. Au-dessus de l’Aurès, il est pris dans une tourmente et atterrit à Bône. — L’épisode de la tempête sera transcrit dans Le Temps du mépris (1935), roman des prisonniers politiques allemands.
1936
Malraux s’engage en Espagne en faveur de la République qui vient d’être victime du coup d’Etat militaire de Franco. Sans savoir piloter un avion, il y dirige l’Escadrille España bientôt rebaptisée Escadrille André Malraux. En 1937, il publie L’Espoir, le roman de la Guerre civile espagnole.
1939
Sortie du film que Malraux a tourné en Espagne et en France : Sierra de Teruel, transposant quelques épisodes de L’Espoir. Le film sera interdit durant la Seconde Guerre mondiale puis à nouveau projeté dès 1945 sous le titre Espoir.
1940
L’unité de l’Armée française à laquelle appartient Malraux est faite prisonnière par les nazis. Les conditions de détentions s’étant relâchées, Malraux s’évade en novembre et s’installe avec sa compagne Josette Clotis sur la Côte d’Azur. Il mène de front quatre gigantesques et épuisants chantiers littéraires, desquels sortiront La Lutte avec l’Ange (publiée en 1948 sous le titre Les Noyers de l’Altenburg) et La Psychologie de l’art (reprise en 1951 sous le titre Les Voix du silence).
1944
A la suite de l’arrestation de ses deux frères (ils mourront tous deux victimes des nazis), Malraux s’engage dans la Résistance et devient le colonel Berger, chef de la Brigade Alsace-Lorraine qui opère en Dordogne puis, en 1945, en Alsace.
1945
Malraux rencontre le général de Gaulle. Celui-ci nommé Président du Conseil, Malraux est ministre de l’information. En janvier 1946, de Gaulle démissionne. — Le ralliement à de Gaulle vaudra à Malraux de virulentes attaques de la gauche qui s’estime trahie.
1948
Création du Rassemblement pour la République (RPF), le mouvement gaulliste. Malraux est chargé de l’information et de la propagande. Il donne de très nombreux articles aux journaux gaullistes et prononce des discours en faveur du Général. — En deçà de ses activités politiques, Malraux ne cessera de méditer sur la création artistique et publiera d’importants écrits sur l’art : Les Voix du silence en 1951 et La Métamorphose des dieux en 1957.
1958
Création de la Ve République. De Gaulle en deviendra le président. Malraux sera dès janvier 1959 ministre d’Etat chargé des Affaires culturelles. Il lancera son fameux projet de construction de Maisons de la Culture afin de rendre accessibles au plus grand nombre les grandes oeuvres de l’esprit. Il assumera le «rayonnement culturel de la France» durant 10 ans. — En automne 1958, Malraux est envoyé en mission officielle en Iran, en Inde (où il retrouve Nehru devenu Premier ministre), et au Japon. Le ministre est accompagné de Madeleine qu’il a épousée en 1948.
1961
Malraux inaugure la première Maison de la Culture : c’est celle du Havre. Depuis une année ont commencé les travaux de nettoyage des monuments de Paris. De grandes et prestigieuses expositions d’art se tiendront dans la capitale à l’initiative de Malraux (par exemple «Trésors de l’Inde» en 1960 ou «Tout Ankh Amon» en 1967). Grâce à Malraux, l’Etat commandera des oeuvres à de grands artistes (en 1964, Chagall peint le plafond de l’Opéra Garnier et Olivier Messiean compose Et expecto resurrectionem mortuorum).
1963
La France prête La Joconde aux Etats-Unis. Elle est exposée à Washington où les Malraux sont invités par le couple Kennedy.
1964
En décembre, Malraux prononce sa célèbre oraison funèbre accueillant les restes de Jean Moulin au Panthéon. C’est le plus fameux de ses très nombreux discours, allocutions et oraisons funèbres.
1965
Gravement dépressif à la suite de la mort accidentelle de ses deux fils (1961), Malraux embarque sur le Cambodge à destination de l’Extrême-Orient. Durant l’escale de Port-Saïd, il se rend au Caire : il y visite le musée national qu’il n’avait pas revu depuis 1952. L’émotion éprouvée est si vive qu’il se met dès le soir même à écrire ses Antimémoires. Quand Malraux est à Singapour, de Gaulle l’envoie en mission à Pékin auprès de Mao Zedong. Ce voyage personnel et historique en l’Asie servira de matrice au grand volume des Antimémoires qui paraîtront en 1967.
1968
Malraux assiste aux événements de Mai depuis son bureau du ministère, rue de Valois. Sceptique quand au caractère politique du mouvement, il diagnostique une «crise de civilisation». Son analyse amusée et agacée de Mai 68 passera dans ses Hôtes de passage (1975). — Malraux soutient le général de Gaulle en tête de la manifestation du 30 mai.
1969
En avril, démission du général de Gaulle, suivie du retrait de Malraux. En décembre, mort de Louise de Vilmorin que Malraux avait retrouvée en 1967. La poétesse sera présente en écho dans la IIe partie des Hôtes de passage de 1975, livre intégré ensuite dans Le Miroir des limbes, t. II.
1970
En décembre, Malraux rend visite pour la dernière fois au Général retiré à Colombey-les-deux-Eglises. L’année suivante le Général meurt. Paraissent Les Chênes qu’on abat…, le roman du dialogue de Gaulle – Malraux.
1971
Malraux s’engage moralement en faveur du Bengladesh qui lutte pour son indépendance face au Pakistan. Il imagine une brigade de volontaires qu’il commanderait sur place.
1972
Malraux est hospitalisé d’urgence à la Salpêtrière. Son séjour fera l’objet d’un journal totalement inattendu dans lequel il reprend le célèbre épisode de l’attaque par les gaz à Bolgako (un chapitre des Noyers de l’Altenburg). Ce livre, Lazare, paraîtra en 1974.
1973
Mort de Picasso. Invité par Jacqueline, veuve de Pablo, Malraux parcourt les ateliers déserts du peintre à Mougins. Il y éprouve un choc esthétique qu’il (re)créera dans La Tête d’obsidienne (1975).
1974
Au Japon, Malraux visite le grand sanctuaire d’Isé et le site de la cascade de Nachi. L’émotion éprouvée est éblouissante qui s’apparente à un satori. Des pages du Miroir des limbes (1976) en témoigneront.
1975
Avec Sophie de Vilmorin (sa nouvelle compagne, nièce de Louise), Malraux voyage en Haïti à la découverte des peintres de la communauté de Saint-Soleil à Soissons-la-Montagne.
1976
Malraux meurt le 23 novembre. Grâce à la présence apaisante de Sophie, il a eu le temps de publier la somme littéraire de sa vie : Le Miroir des limbes qui groupe 1° les Antimémoires et 2° sous le titre de La Corde et les Souris, Les Hôtes de passage, Les Chênes qu’on abat…, La Tête d’obsidienne et Lazare, et de terminer la trilogie de sa nouvelle Métamorphose des dieux : 1° Le Surnaturel, 2° L’Irréel, 3° L’Intemporel.
1996
Le 23 novembre, la dépouille mortelle de Malraux est transférée au Panthéon.

cp – pour la «Biographie en 30 dates»
© «malraux.org», Présence d’André Malraux sur la Toile, 2009