D/1960.11.05 — André Malraux : «Intervention à l’Assemblée nationale»

André Marlaux, «[Intervention à l'Assemblée nationale, 2e séance du 5 novembre 1960]», intervention au cours de la discussion du projet de loi de finances pour 1961. Journal officiel de la République française. Débats parlementaires. Assemblée nationale [Paris], n° 79 AN, 6 novembre 1960, p. 3179-3183.


 

André Malraux

 

Intervention à l'Assemblée nationale,  2e séance du 5 novembre 1960

 

(Protection des monuments, retraite des vieux écrivains, le personnel, le Musée de l'Outre-Mer, gestion de la musique, du cinéma, du théâtre, des festivals, des archives)

 

Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs, quelle journée étrange que celle d'un vote de budget et comme il est étonnant que nous semblions nous opposer depuis près de quatre heures !

Presque tous ceux qui sont intervenus – ceux que l'on appelait jadis les interpellateurs – ont parlé au nom des théâtres lyriques de province.

Mesdames, Messieurs, lorsque la question s'est posée l'an dernier, mon budget était voté. J'ai déclaré que vous pouviez compter sur moi et que ce qui serait possible serait fait.

Ce qui a été réalisé, on n'en avait jamais tenté l'équivalent !

Et pourtant, comme vos obstacles restent grands, comme chacun de ceux qui ont exposé leurs difficultés avait raison, et comme nous avancerons pas à pas sur ce chemin malaisé ou toujours si peu sera fait à la fois ! Alors, si vous le voulez bien, essayons de parcourir ce chemin ensemble.

Je dispose relativement de peu de temps, même en ayant beaucoup plus de dix minutes. Je vais donc essayer de m'en tenir à l'essentiel. Je répondrai directement, et non de la tribune, à quelques questions qui ne recoupent pas directement le budget ou dont la réponse serait trop longue. Je répondrai essentiellement sur l'axe de mes travaux et sur les questions subordonnées ou épisodiques, néanmoins principales, et avant tout sur celles que j'appellerai les questions de fond.

Je répondrai d'abord aux questions qui m'ont été posées en commençant, si vous le voulez bien, par le domaine traditionnel des affaires culturelles et en envisageant ensuite ce qui appartient au cinéma.

Je commence par l'exposé de M. le rapporteur spécial.

Je remercie tout particulièrement M. Taittinger du travail très attentif qu'il a accompli. Je sais qu'il n'est pas toujours facile pour un rapporteur des finances de voir de près un budget aussi complexe que celui-là à tant d'égards et en tant d'occasions.

Je remercie aussi la commission des finances.

Ce rapport exprime plusieurs souhaits. A l'exception d'un très petit nombre d‘entre eux – que j'écarte, uniquement pour des raisons techniques et dont j'entretiendrai M. le rapporteur spécial – ces souhaits, je les fais miens.

Je ne reprendrai donc ici que ceux auxquels j'attache, moi aussi, une importance particulière, d'abord celui qui se rapporte aux monuments historiques.

Les crédits d'entretien aussi bien que les crédits d'équipement affectés à la remise en état des monuments historiques ont toujours été insuffisants pour faire face aux obligations de sauvegarde du patrimoine national et historique qui incombent à l'Etat. Compte tenu du caractère dramatique de gravité que présente désormais le problème de la sauvegarde des monuments historiques, celui-ci ne pouvait recevoir une solution satisfaisante que dans le cadre d'un plan établi pour plusieurs années.

Conformément aux engagements souscrits l'an dernier devant votre Assemblée, le principe d'une section d'équipement culturel fonctionnant dans le cadre du commissariat général au plan d'équipement national a été retenu et la partie du plan élaborée par cette commission figurera au quatrième plan intérimaire.

Cependant les travaux de restauration et de sécurité de certains monuments essentiels ne peuvent être retardés plus longtemps sans conséquences graves. Il est du devoir du Parlement et du Gouvernement de prendre conscience de la nécessité d'une action immédiate.

Le Gouvernement a donc décidé de saisir le Parlement d'un projet de loi de programme se développant sur cinq années, celui qui vous a été exposé tout à l'heure, concernant les palais de Versailles et de Fontainebleau, l'hôtel des Invalides, les châteaux de Vincennes et de Chambord et la cathédrale de Reims.

En outre, l'évacuation par le ministère des Finances du pavillon de Flore devrait permettre d'entreprendre, dès 1961, le programme d'équipement des nouveaux travaux du musée du Louvre.

 

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