«Discours de Brasilia, 25 août 1959»

Le 25 août, invité par le président brésilien Juscelino Kubitschek, Malraux prononce un discours dans la nouvelle capitale du Brésil qui venait d’être inaugurée le 21 mai précédent.


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Extrait du discours de Malraux

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«Chacune des grandes religions avait apporté une notion fondamentale de l’homme, et notre temps s’efforce passionnément de donner forme au fantôme que leur a substitué le siècle des machines. D’autant plus passionnément, qu’avec les camps d’extermination, avec la bombe atomique, l’ombre de Satan a reparu sur le monde, en même temps qu’elle reparaissait dans l’homme : la psychanalyse redécouvre les démons, pour les réintégrer en lui. Mais dans un monde sans clef, où le Mal devient une énigme fondamentale, le moindre sacrifice, le moindre chef-d’œuvre, le moindre acte de pitié où d’héroïsme, posent une énigme aussi fascinante que celle du supplice de l’enfant innocent qui obsédait Dostoïevski, que tous les pauvres yeux humains qui découvrirent une chambre à gaz avant de se fermer à jamais : l’existence de l’amour de l’art ou de l’héroïsme n’est pas moins mystérieuse que celle du mal. Peut-être l’aptitude de l’homme à les concevoir et à les maintenir invinciblement est-elle une de ses composantes comme l’est l’aptitude à l’intelligence, et le but de notre civilisation, dans l’ordre de l’esprit, devient-il, après avoir trouvé les techniques qui réintègrent les démons dans l’homme, de chercher celles qui y réintègreraient les dieux.»

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© www.malraux.org / 8 février 2010

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brasilia

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 Cathédrale de Brasilia, par Oscar Niemeyer, 1959.

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Voir le site de l’EPFL : photos de la cathédrale de Brasilia.

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