art. 107, septembre 2011 • Gérard Malgat, Préface à «André Malraux y Max Aub» (2011)

Extrait :

Pour Malraux la guerre d'Espagne constitue une étape qui se referme quand il se lance dans l'action politique aux côtés du général de Gaulle – chef d'un Etat redevenu vainqueur après les sombres années de l'Occupation et de la Collaboration – avant d'être le fondateur du ministère de la Culture. Tandis que pour Aub, la défaite de la République espagnole scelle une appartenance définitive au camp des vaincus d'une guerre qui n'est pas finie, qui ne peut l'être tant que le dictateur impose sa brutalité et les condamne à l'exil. D'où le contraste saisissant quant à la présence de ces événements dans leurs écrits. Certes Malraux maintient ses fidélités à la cause de la République espagnole et reste en relation avec ses représentants en exil, qui en 1945 saluent sa nomination au ministère de l'Information. Mais il prend soin de les contenir dans le domaine personnel, intime, les cernant strictement à la sphère de ses relations privées. Chaque année il écrit aux membres du Gouvernement en exil pour saluer la date anniversaire de la proclamation de la Seconde République (le 14 avril 1931) et leur signifier qu'il ne les oublie pas. Mais il décline les invitations à participer aux actes publiques de soutien aux exilés espagnols et aux meetings de mobilisation antifranquistes. Et lorsqu'il intervient pour aider les exilés à surmonter leurs difficultés économiques – José Bergamín, la veuve de Luis Companys fusillé par les franquistes en 1940, parmi d'autres – il veille rigoureusement à ce que cela ne s'ébruite pas. A de rares exceptions – La Tête d'obsidienne – il évitera de se référer au conflit espagnol dans ses écrits postérieurs à L'Espoir. Max Aub, au contraire, n'aura de cesse de prendre publiquement position, d'écrire dans tous les genres – romans, récits, poésies, théâtre, journalisme… – pour rendre compte du déni de justice subi par les combattants de l'Espagne républicaine et laisser trace de leur lutte contre la cruelle dictature dans la mémoire des générations futures.

 

Pour lire la préface en entier : télécharger le texte.

 

logo 

Texte mis en ligne le 15 septembre 2011

© www.malraux.org, 2011.