C’est deux ans environ après la mort de Louise, en 1969, qu’André Malraux demanda à Sophie de partager sa vie. Après avoir réalisé avec lui le livre posthume des poèmes de sa tante, Sophie se mit toute entière au service d’André Malraux. Elle vécut six années près de lui, dont cinq comme sa compagne. Ainsi, c’est elle qui se chargea de taper à la machine ses huit derniers livres et qui l’accompagna partout dès 1971 (à l’exception de Washington en 1972). Elle fut des croisières du début des années 70, des deux voyages en Inde, puis de ceux du Bangladesh, du Népal, du Japon et enfin du dernier en Haïti.
Par sa présence douce et amoureuse, elle veilla sur les dernières années de son illustre compagnon, lui apportant la nécessaire sérénité dont il avait enfin besoin pour composer ses derniers chefs-d’oeuvre.
En 1999, vingt ans après la mort d’André Malraux, Sophie de Vilmorin publia son unique livre Aimer encore (Gallimard), consacré à ses six années extraordinaires qu’elle vécut auprès de ce génie de l’art et de l’intelligence. Elle sortait enfin de l’ombre pour quelques mois, puis retourna à sa vie d’avant faite de travail, de dignité, d’effacement mais aussi de présence à ceux qu’elle aimait et d’abord à ses trois filles et à leurs familles. Sa cadette est devenue carmélite à la fin des années 80.
Avoir connu Sophie de Vilmorin est un privilège rare que mon frère François et moi-même avons eu l’immense bonheur de vivre. Son nom est à jamais lié aux dernières années d’André Malraux.
Que sa famille et tous ceux qu’elle aima trouvent ici le témoignage de notre affection et de notre fidélité à sa mémoire.
Michaël de Saint Cheron, Paris
