en préparation
16 décembre 2007. Récital Eric Satie, Madeleine Malraux (piano) et François Marthouret (récitant)
Pages tirées provisoirement de «www.positifs.org» :
Quelques extraits de presse
Le Monde (29 mars 2007)
Erik Satie, Madeleine Malraux, François Marthouret
Erik Satie (1866-1925), le Marcel Duchamp de l’ut majeur, compose pour le piano, apprend dans la rébellion, revient au contrepoint, fonde une religion à fidèle unique, lui, laisse trois ou quatre œuvres plutôt faciles à jouer mal et quelques écrits ésotériques. La conscience révoltée du drapé, du dérisoire, l’agite toute sa vie. Ravel croit bon de refuser la Légion d’honneur ? Satie : ” Monsieur Ravel refuse la Légion, mais toute son œuvre la mérite. ” Ce qu’on connaît moins, c’est sa correspondance avec l’inutilement décrié Paul Deschanel (président de la République). Paul Deschanel est enterré au cimetière du Montparnasse, pas loin de Sartre, Baudelaire et Henri Langlois. Ça soude. Alfred Erik Leslie Satie repose, lui, un peu seul, à Arcueil (Val-de-Marne).
Depuis 1946, Madeleine Malraux joue Satie avec une inaltérable fraîcheur. Or il se trouve que les textes de Satie consonnent avec sa musique. Ils sont peu connus, interdits, bizarres ; comme la personnalité de Paul Deschanel, qu’on a affublé du titre de “fou de l’Elysée”. Comme si on ne savait pas que l’Elysée rend fou.
Cependant que Madeleine Malraux joue Satie, François Marthouret interprète ses soties.
Grâce à Karin Müller (conception et réalisation), Madeleine Malraux et François Marthouret présentent leur pas-de-deux. Cette lecture musicale déjà donnée à Senlis, sous les feux des vitraux de Miró, est de ces raretés qu’un rien d’attente peut renouveler.
Francis Marmande
Le Nouvel Observateur ( 3 avril 2007)
Lecture musicale : « EsoterErik Satie »Ce compositeur d'une œuvre pour piano (apparemment facile, donc si souvent mal jouée) et d'écrits aussi ombrageux que fantaisistes, est à l'affiche. Grâce à la conception de Karin Müller, Madeleine Malraux (93 ans !), qui joue Satie avec fraîcheur depuis 1946, entame un dialogue avec François Marthouret qui lui donne la réplique, avec toute la mélancolie et la causticité nécessaires.
Marina Zolotoukhine
L'Humanité (27 avril 2007)
Le retour du grand perturbateurUne histoire d'artistes. À deux. Elle, Madeleine Malraux, a quatre-vingt-treize ans. Autrement dit, elle n'a plus d'âge ; elle n'a que sa passion musicale. Lui, François Marthouret, a trente ans de scène. Plus rien à perdre, ni à gagner. Le théâtre redevenu distance. Le lieu qui les a réunis à Paris porte un nom prédestiné : l'Archipel. Entre terre et mer, effacement des frontières. La femme qui les y a invités, Karin Müller, est une manière de pasionaria. À sa fougue, comme on n'en voit plus chez les professionnels fatigués, déboulant sur scène pour annoncer le spectacle, on devine que ce ne sera pas ordinaire.
On n'est pas déçu. Le sujet, ou plus exactement le fil, tient en un prénom et un nom : Erik Satie.
Compositeur (1866-1925). Trop célèbre (Gymnopédies, Gnossiennes surjouées) pour être vraiment connu : l'irrespect, l'insolence, la révolte, musique et mots. Rigolo, comme toujours, pour les académiciens. Il sera systématiquement recalé aux Beaux-Arts. Génie pour les maîtres de l'innovation : Debussy, Stravinski, Picasso, Chostakovitch. Le miracle est qu'ayant écrit, beaucoup écrit, son parcours relie l'ironie d'un Jules Renard, d'un Octave Mirbeau à la verve inventive du dadaïsme et du surréalisme, associé au scandale de Parade, à la même époque.Madeleine Malraux et François Marthouret forment un duo rare. Plus cela a l'air désintéressé, léger, plus c'est convaincant. Lui lit comme à des compagnons de route des notations satiriques qui n'ont pas pris une ride : « Il n'y aura plus de guerre puisqu'on a vu la dernière » ; « La frontière entre bruit et musique tend à s'effacer. À quand une symphonie pour deux robinets et orchestre ? » ; « Celui qui n'aime pas Wagner n'aime pas la France » ; « Quand un musicien parle de décadence, regardez donc sa tête »… Elle joue comme si elle ne faisait que ça. On l'imagine jouant pour André Malraux dont elle partagea la vie vingt ans durant. Concentrée, pénétrée, sereine. Posant Satie sur son piano noir, note après note, sans forcer comme ceux qui veulent l'imposer ou le moderniser, sans partition, mémoire intacte gravée sur le disque de l'ultrasensible, y associant les Russes, Stravinski, Prokofiev, Chostakovitch, de la tribu Satie.
Au cœur de Paris, voir aujourd'hui un spectacle purement acoustique, sans sonorisation, c'est déjà une révolution. Encore faut-il que la voix porte. Celle du grand perturbateur nommé Satie tombe à pic.
Charles Silvestre
Sur notre page d’accueil en janvier-février 2011