l’aumônier des Glières / du Vercors – notice

L’aumônier des Glières, l’aumônier du Vercors

Le fameux aumônier du Vercors, qui serait mort aux Glières et avec lequel s'ouvrent les Antimémoires, est traditionnellement identifié comme étant l'abbé Magnet. Toutefois celui-ci semble bien avoir été absent du maquis savoyard.

Selon un article paru dans Le Monde en 1946, l'aumônier du Vercors était Yves de Montcheuil, jésuite qui avait réagi très vite contre les premières mesures antisémites de Vichy. Selon le livre du souvenir des Glières, l'aumônier du maquis était le père Benoît, qui célébra la cérémonie d'inhumation de Tom Morel avec l'abbé Jean Truffy, curé du Petit-Bornand et capitaine aumônier du secteur des Glières. Le récit des souvenirs de guerre de Jean Truffy n'évoque aucune rencontre avec Malraux.

Monsieur Millet, président de l'association des Rescapés du plateau des Glières dans les années 1980-1990, m’a écrit naguère n'avoir «jamais entendu parler [aux Glières] d'un abbé au nom de Magnet.» Il a remarqué aussi que l'«aumônier des Glières» n'a pas pu participer aux combats du Vercors (juin-juillet 1944) s'il est mort durant ceux des Glières (février-mars 1944). (Lettre du 26 janvier 1993.)

Sandrine Souchon présente l'abbé Georges Magnet comme une personne chaleureuse et particulièrement courageuse : à La Bâtie-Rolland où il est curé, il «multipli[e] les faux certificats de baptême pour les Israélites» (voir Le Miroir des limbes, Œuvres complètes, t. III, «Pléiade», p. 5) ; à Dieulefit, il participe à la réception des parachutages ; quand il est dénoncé et destitué de sa paroisse, il devient aumônier du Vercors, contrevenant aux ordres de son évêque ; frappé d'interdit par celui-ci, il participe à la bataille du Vercors ; rescapé, il est capturé par les hitlériens et fusillé le 27 août 1944 à Bourg-de-Péage.

Dans ses souvenirs, Jean-Baptiste Jeener, compagnon de captivité de Malraux, Grosjean et Beuret à Collomiers, nomme «La Barbe» celui qui semble être l'abbé Magnet, curé de La Bâtie, «qu'ils [les Allemands] ont tué pour des raisons obscures…».

cp – 9 juin 2009

Eléments de bibliographie :

  • Alain Dalotel, Le Maquis des Glières, Paris, Plon, 1992.
  • Michel Germain, Glières : une grande et simple histoire, préf. de Max Gallo, Montmélian (73), La Fontaine de Siloé, 2008, (coll. «La Savoisienne») / 5e édition.
  • Pierre Golliet, Monument aux Glières. La Haute-Savoie, du pétainisme à la Résistance, Thônes, Amis du val de Thônes, 1994, (Cahiers des Amis du Val de Thônes, n° 1).
  • J.-B. Jeener, Paris-Soir. Portraits – souvenirs, Paris, éd. de Paris, 1958. Voir p. 134, p. 16 et 30.
  • Louis Jourdan ; Julien Helfgott ;  Pierre Golliet, Glières, Haute-Savoie. Première bataille de la Résistance, 31 janvier – 26 mars 1944, Annecy, Association des rescapés des Glières, 1978. Voir p. 109.
  • Henry Magnan, «Il y a deux ans, le Vercors», Le Monde, 23 juillet 1946, p. 3.
  • François Musard, Les Glières (26 mars 1944), Paris, Laffont, 1965, (coll. «Ce jour-là»).
  • Sandrine Souchon, Résistance et Liberté. Dieulefit 1940-1944, Die, éditions A Die, 1994. Voir p. 86-87.
  • Jean Truffy, Les Mémoires du curé du maquis des Glières, Annecy, Imprimerie Abry, s.d. [1950].
  • Anne Vallaeys, Dieulefit ou le miracle du silence, Paris, Fayard, 2008. [Roman historique]

© «www.malraux.org», Présence d’André Malraux sur la Toile, 2009.