les «arts d’assouvissement» – note

Les «arts d’assouvissement»

Pour Malraux, les arts d’assouvissement sont ceux qui mettent la puissance créatrice de l’art au service d’une intolérable soumission à la condition humaine. «Le domaine de l’assouvissement n’est pas un domaine de valeurs, mais de sensations; il ne connaît qu’une succession d’instants, alors qu’arts et civilisations ont lié l’homme à la durée sinon à l’éternité, et tendu à faire de lui autre chose que l’habitant comblé d’un univers absurde.», lit-on dans Les Voix du silence (Œuvres complètes, t. IV, Pléiade, p. 771).

Aussi : «Les arts d’assouvissement ne sont donc nullement des arts inférieurs : ils agissent en sens inverse des vrais; ils sont, si l’on peut dire, des anti-arts. Et ils nous montrent à quel point la prise des déterminismes, conditionnements et sociologies sur les moyens artistiques, est distincte de celle qu’ils prétendent exercer sur l’art. […] Nous sentons qu’en Grèce et à la Renaissance les hommes furent d’accord avec des dieux, et non réduits à leur propre assouvissement.» (Les Voix du silence, Œuvres complètes, t. IV, Pléiade, p. 769.)

On le voit, les arts d’assouvissement ignorent ou rendent impossible la transcendance esthétique, tout incapables qu’ils sont de «rendre présent» le monde auquel fait accéder la véritable création artistique. C’est d’ailleurs ce que Malraux nomme «la troisième dimension» de l’art (la faculté qu’il a de «rendre présent» ce qui n’est pas de l’ordre de la mort) qui le justifie comme tel. L’«assouvissement» est du côté de la mort (comme le «sexe et le sang», comme les «usines à rêves») qu’affronte toujours la création artistique.

Voir la notice «La troisième dimension».
Voir la notice «Les puissances du sang, du sexe et de la mort».
Voir la notice «Les usines à rêves».

© «www.malraux.org», Présence d’André Malraux sur la Toile, 2009.

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