2e partie de l’article :
Cependant rien ne prouve qu'il atteindra la capitale et, comme nous l'écrivions encore ici, la chute de Changhaï peut modifier ses plans et même faire cesser complètement les hostilités; on saura bientôt s'il en est ainsi. Le fait acquis est l'armistice de l'Est.
On sait que les puissances ont débarqué des marins à Changhaï pour protéger leurs ressortissants, bien que les autorités chinoises se soient empressées, de part et d'autre, de déclarer qu'elles s'appliqueraient à éviter tout dommage aux étrangers. On compte actuellement, croyons-nous, une trentaine de navires étrangers dans les eaux de Changhaï. La France y a plusieurs unités. Les illustrations ci-jointes montrent le débarquement des marins de l'une d'elles, le Colmar. Un des marins est posté sur l'observatoire de Zi-Ka-Wei, à huit kilomètres à l'Ouest du Changhaï, et surveille de là l'immense région absolument plate.
Cet observatoire appartient aux Jésuites qui s'installèrent à Zi-Ka-Wei en 1847; on y tient à jour des cartes utilisées par tous les navigateurs des mers d'Extrême-Orient, où la marche des typhons est prévue et consignée et qui rendent de ce fait les plus grands services.
Il y a à Changhaï une concession internationale, foreign settlement, formée de la concession anglaise (1843) et de la concession américaine (1848), et une concession française à part (1847). Le Bund qui longe la rivière commence sur la concession internationale et se continue sur la concession française.
On a dit que Changhaï était «une ville européenne où il y a des Chinois». Cela peut être dit des concessions, où l'aspect des rues n'a absolument rien de chinois; mais il existe une ville chinoise qui naguère était séparée des premières par un mur; ce mur aujourd'hui abattu est remplacé par un boulevard où passent des tramways. Pourtant, la ville chinoise reste indépendante; aussi comprend-on que les étrangers puissent la jalonner de factionnaires.
Enfin, parmi nos gravures on remarquera le portrait du vainqueur du Tché-Kiang, le maréchal loyaliste Chi-Sien-Yuan, toukiun du Kiang-Sou, et le portrait du toukiun du Tché-Kiang, Lou-Yong-Siang, qui s'est réfugié avec son chef d'état-major à bord d'un vapeur japonais en partance pour Nagasaki.
A propos de cette fuite sous pavillon japonais, nous émettrons avec prudence l'opinion que, peut-être, les événements qui vont suivre découvriront jusqu'à un certain point les influences étrangères qui s'exercent certainement là-bas depuis le commencement des hostilités.