Pierre Anthonioz est nommé «Pierre» dans Le Miroir des limbes (Œuvres complètes, t. III, Pléiade, p. 286) et «Pierre Anthonioz» dans la première édition des Antimémoires (Gallimard, 1967, p. 377). Malraux est alors au consulat de France à Singapour et assiste à la réception du 14 juillet 1965, au dîner qui suit et à la conversation à laquelle participent, selon les Antimémoires, le consul général de France, sa femme, l’«inspecteur des consulats» (non nommés) et Clappique (ou l’un de ses modèles). Tous s’entretiennent de l’aventure et des aventuriers.
Malraux était arrivé la veille dans la ville fondée par sir Raffles en 1819. A l’aube du 13 juillet, le Cambodge avait été éperonné par le Krebsia, pétrolier hollandais, au large de l’ìle singapourienne de Peak Island. Le 18 juillet, le ministre prend l’avion pour Hong Kong; il arrive à Canton le 19.
Pierre Anthonioz est présent au consulat de France en sa qualité d’ambassadeur de France à Kuala Lumpur. A cette date, la France n’a pas d’ambassade dans la ville puisque celle-ci appartient encore à la Fédération de Malaisie. C’est précisément le 9 août suivant que Singapour proclamera son indépendance.
Frère de Bernard, Pierre Anthonioz (1903-1996) a participé aux campagnes de France, de Tunisie, d’Italie, de Birmanie, du Vietnam. Après la guerre il a été notamment Commissaire-résident dans le condominium des Nouvelles-Hébrides (actuellement Vanuatu) de 1949 à 1958, puis ambassadeur en Mauritanie (1961-1962), en Malaisie de 1962 à 1968, au Ghana ensuite (1968-1972), à Cuba (1972-1975), au Sri Lanka et aux Maldives (1975-1978).
Pierre Anthonioz a publié plusieurs articles ethnologiques sur les royaumes des Haoussas du Nigéria, sur les Peuhl Bororo du Sahel et sur les Nouvelles-Hébrides. Il a participé à des recherches concernant L'Astrolabe (1958) et La Méduse (1960).
Pierre Anthonioz n'était donc pas indifférent à l'aventure, sujet de la conversasion au consulat de France, selon Malraux. Le portrait que propose de lui l’ethnologue Jean Guiart est celui d'un résident rompant avec le style de ses prédécesseurs (absence de contacts avec les indigènes, motivée autant par l'orgueil du colon puissant que par la peur que leur inspiraient les «sauvages») et ne craignant pas de fréquenter l'intérieur du pays, de vivre dans des cabanes des indigènes et de participer avec eux à des promenades pédestres dans les montagnes l'île.
cp / 3 juin 2009
Neptunia, n° 34, 1959. | 1958, Vanikoro, Pierre Anthonioz à la recherche de L’Astrolabe |
Eléments de bibliographie
- ANTHONIOZ, Pierre : «La Danse du Gaul. Cérémonie rituelle de l’île de Pentecôte. Nouvelles-Hébrides», Etudes mélanésiennes, vol. 6, n° 8, décembre 1954, p. 84-95.
- ANTHONIOZ, Pierre : «Une ascension au pic Santo», Etudes mélanésiennes, vol. 6, n° 8, décembre 1954, p. 96-102.
- ANTHONIOZ, Pierre : «Supplément au voyage de Lapérouse. Une expédition envoyée à l’île de Vanikoro, en mars 1958, retrouve les débris de L’Astrolabe», Neptunia, n° 54, 1959-2, p. 8-13.
- ANTHONIOZ, Pierre : «La véritable histoire du radeau de La Méduse», L’Histoire, n° 36, juillet-août 1981 : «Spécial : 2000 ans sur la mer», p. 112-116.
- ANTHONIOZ, Pierre : «La Méduse retrouvée», L’Histoire, n° 36, juillet-août 1981 : «Spécial : 2000 ans sur la mer», p. 116.
- GUIART, Jean : «Adieu à Pierre Anthonioz», Journal de la société des Océanistes, vol. 103, n° 2, 1996, p. 311-314.
- LOBSIGER, G : «A la société de géographie. A la recherche de La Pérouse. Expédition à Vanikoro – mars 1958», Journal de Genève, 10 février 1959, p. 6. (On peut consulter l’article en ligne en le cherchant sur le site des archives du Temps, héritier du Journal de Genève.)
© «www.malraux.org», Présence d’André Malraux sur la Toile, 2009.