1969.03.07 — André Malraux : «Discours de Niamey, 17 mars 1969»

En 1969 est réunie à Niamey la première Conférence des pays entièrement ou partiellement de langue française qui créera le 20 mars 1970 l’Agence de coopération culturelle et technique, appelée Agence intergouvernementale de la Francophonie dès 1986 et Organisation internationale de la Francophonie depuis 2005.

 

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 Agence de coopération
 culturelle et technique
 (1970-1986)
     Agence intergouvernementale
     de la Francophonie
     (1986-2005)
      Organisation internationale
       de la Francophonie
       (dès 2005)
                               

 

 

Extraits du discours de Malraux

 

Notre culture commune, c’est ce que nous choisissons pour permettre à notre civilisation de lutter contre ces usines de rêves ; ce qui permet de fonder l’homme lorsqu’il n’est plus fondé sur Dieu. Ainsi, sa fonction, dans notre civilisation, apparaît-elle clairement. Et avec elle, l’absurdité du problème qui se pose depuis cinquante ans, celui de la rivalité des cultures vivantes. Il est sans intérêt de chercher si nous devons préférer la culture française à l’anglaise, l’américaine, l’allemande ou la russe. Parce que nous pouvons connaître – nous devons connaître – d’autres cultures que la nôtre ; mais nous ne les connaissons pas de la même façon.  

[…]

Ici se présente l’une des plus saisissante aventures de l’esprit que notre siècle ait connues, celle de l’entrée des cultures africaines dans la civilisation universelle. Avec sa sculpture, sa danse et sa musique, l’Afrique a pris conscience de ses propres valeurs. On sait désormais que les Ancêtres ne sont pas des fétiches. Et il se trouve que ces valeurs fondamentales proclamées comme celles de la Négritude sont exprimées principalement par des Africains de culture française.  

[…]

Seule, la culture francophone ne propose pas à l’Afrique de se soumettre à l’Occident en y perdant son âme; pour elle seule, la vieille Afrique de la sculpture et de la danse n’est pas une préhistoire; elle seule lui propose d’entrer dans le monde moderne en lui intégrant les plus hautes valeurs africaines. Nous seuls disons à l’Afrique, dont le génie fut le génie de l’émotion, que pour créer son avenir, et entrer avec lui dans la civilisation universelle, l’Afrique doit se réclamer de son passé. Nous attendons tous de la France l’universalité, parce que, depuis deux cents ans, elle seule s’en réclame.

Télécharger le discours.

Voir aussi page «Mot-clefs» la notice «De la Communauté française à la Francophonie».

© www.malraux.org / 2010

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