Le mystère de la création artistique exerce sans nul doute une véritable fascination à tout adolescent sensible, lorsqu'un jour lors d'un concert il voit pleurer un adulte.
Qui n'a pas été ému à l'écoute du finale des Voix du silence ?
Que nous ne nous souvenions plus des paroles, de l'enchaînement des mots. Que nous ne percevions plus, de notre mémoire qui l'appelle ou de notre pensée, le sens, notre oreille sait en rétablir le rythme. Que nous lisions cette fois seule, nous parvient toujours à l'oreille en leitmotiv la voix.
Mais de quel pouvoir d'incrustation pouvait donc être investie cette voix – entendue une fois seulement et restituée avec une telle évidence ? Sinon celui de suggérer que cette voix-là, – pourtant unique, est de nous aussi. Qu'elle est de notre propre voix qui en perpétue l'écho et qui l'aurait prononcée aussi. La reconnaissance immédiate d'un souffle, si semblable en ce qui peut être saisi du nôtre en ses oscillations au plus intime de notre être. La certitude (par cette force d'enthousiasme et de révélation), que tout ce que notre esprit est prêt à entendre, réalise et engage une lente et fructueuse maturation, et dans cette ouverture une conciliation de pensées par un dialogue infini ; la continuité d'un geste au-delà de la mort.
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Communication proposée au colloque Les Mondes de Malraux, 16 octobre 2010, Institut catholique de Paris.
Texte mis en ligne le 25 septembre 2011. INEDIT.
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