15 juin 2012 • Exposition au Musée d’ethnographie de Genève : «C’est de l’homme que j’ai à parler – Rousseau et l’inégalité»

Du 15 juin 2012 au printemps 2013, Musée ethnographique de Genève.

Texte de l’exposition :

«Quand on veut étudier les hommes, il faut regarder près de soi ; mais pour étudier l'homme, il faut apprendre à porter sa vue au loin.»

L'exposition C'est de l'homme que j'ai à parler, Rousseau et l'inégalité confronte le visiteur à un moment-clef de la construction des grands récits qui participent aujourd’hui encore à notre connaissance de l'homme. Le propos prend sa source dans le Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes. Avec ce texte que Lévi-Strauss considérait précurseur de l'anthropologie et de l'ethnologie modernes, Jean-Jacques Rousseau livre un point de vue neuf sur la nature humaine et sur la vie en société.

Pour qui réfléchit sur les inégalités – inégalités sociales ou inégalités entre les peuples –, sa réponse est plus que jamais d'actualité : «vous êtes perdus si vous oubliez que les fruits sont à tous et que la terre n'est à personne». Rousseau, à qui le mythe d’une Helvétie idéalement égalitaire doit tant, prend aussi position sur la colonisation, notamment à travers le livret d’un opéra inachevé qui met en scène Christophe Colomb. La génération qui suit la sienne, à la fin du XVIIIe siècle, contestera vigoureusement l’esclavage des Noirs africains, mais l’écrivain aura déjà contesté le mépris dans lequel est tenue la «Négritie».

A l’époque, les récits de voyage plus ou moins légendaires et leurs illustrations nourrissent la pensée de l’homme et des «variétés humaines». On discute des Hottentots, des Caraïbes, des coutumes et des religions de «tous les peuples», sans oublier d’y inclure le christianisme. Les premières récoltes d’objets annoncent la passion européenne pour la mise en musée de l’Autre. C’est l’occasion de réfléchir à l’articulation des différences et de l’égalité des cultures. Rousseau sait d’ailleurs aussi nous introduire à une interrogation sur notre capacité à entendre – au sens propre – les différences, en confrontant des airs chinois, suisse, canadien ou persan.

Une scénographie suggestive, présentant trésors et curiosités de nos collections européennes et extra-européennes, et intégrant des créations artistiques, donne vie à ces thèmes. Le parcours commence par rendre sensible la hiérarchie sociale de la société genevoise que Rousseau a connue dans son enfance, alors que les lois somptuaires organisaient la distinction des statuts. Le visiteur est ensuite emporté jusqu’aux Iles du Pacifique en passant par les Alpes et par l'Orient. A chaque étape, l’exposition met Rousseau en résonance avec ses contemporains pour interroger notre présent.

Aller au site de la ville de Genève présentant les expositions Rousseau de 2012.

Pour le livre – catalogue de l’exposition : site des éditions Infolio.

 

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