André Malraux
Intervention à l'Assemblée Nationale, 13 novembre 1968
Présentation du budget des Affaires culturelles
En ce qui concerne ces Maisons de la culture il y a, comme les rapporteurs – notamment M. Giscard d’Estaing – l’ont souligné, un problème. Elles ne sont pas pour autant devenues le pire après avoir été le meilleur, comme d’aucuns ont tendance à le penser, et je remercie MM. les Rapporteurs d’avoir abordé ce problème dans un esprit critique mais constructif.
Nées des troupes de théâtre parties à la conquête de la province à la suite de Copeau, ces maisons ont eu tendance à se confondre avec le théâtre qui doit certes être l’un de leurs principaux éléments, mais un élément seulement. Elles sont faites pour tous les arts.
Elles ne sont pas toujours administrées comme il le faudrait et on n’a pas trouvé un bon système de rapports entre leur direction, la municipalité et l’Etat. Elles excèdent parfois les possibilités financières des villes intéressées. Les événements de mai ont accentué les rivalités et les divergences. Mais ignorions-nous que cette entreprise serait difficile ?
Nous ne sommes qu’au début de cette nouvelle aventure : moins de dix Maisons de la culture fonctionnent, dont plusieurs ne méritent même pas ce nom. Qu’on se souvienne donc des obstacles, des violences auxquelles a donné lieu la mise en place d’un enseignement primaire public dans toutes les communes de France ! Ce qui paraît explosif aujourd’hui en province dans le domaine de la culture ne le sera plus avant dix ans.
Nous continuons de croire que leur finalité est bonne et que celle-ci doit demeurer notre objectif. Comme on l’a fait jadis pour l’enseignement, il s’agit de mettre la culture à la portée de tous. L’essentiel des maisons de la culture, c’est la décentralisation, la fin du privilège parisien et le développement en province de foyers de diffusion, mais aussi de création artistique, c’est la conquête progressive d’un public qui ne serait allé ni au théâtre ni au concert ni au musée, parce qu’il n’en avait pas la possibilité matérielle ou parce qu’il pensait que cela ne le concernait pas.
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