19 mars 2012 • Les textes de douze interventions de Malraux à l’Assemblée Nationale sont disponibles sur notre site

 

 
Extrait de l’intervention du 23 juillet 1962. Débats précédant le vote de la «Loi Malraux» du 4 août 1962.

«On pourrait dire : pourquoi tenir tant au passé ? Il est instructif de remarquer que personne ne l’ait dit ici, comme personne ne l’avait dit au Sénat. Car nous savons mal pourquoi nous tenons à notre passé, mais nous savons bien que nous y tenons et que toutes les nations tiennent aujourd’hui au leur, non pas lorsqu’elles y sont encore enrobées – elles aspirent alors à le détruire – mais lorsqu’elles se réclament passionnément de l’avenir.

«C’est au nom de l’avenir qu’un tel projet de loi eût été combattu naguère : «  Vivez avec votre temps, eût-on dît, et construisez des gratte-ciel au lieu de restaurer des maisons anciennes ».

«Mais voici que les constructeurs de gratte-ciel emplissent leurs musées du passé de l’Europe ou de celui des Indiens, les constructeurs de Brasilia restaurent leurs villes baroques, l’Union soviétique restaure ses monuments byzantins mieux que ne le faisaient les tsars et aucun gouvernement chinois n’avait mis en place une archéologie comparable à celle de la Chine populaire de Pékin. New York est meublé de bureaux métalliques, mais aussi de salons du XVlIIe siècle. Notre faubourg Saint-Antoine fabrique plus de Louis XVI que de moderne.

«Quel temps avant le nôtre avait vécu dans les meubles de ses prédécesseurs ? Le siècle des machines est le premier qui ait retrouvé tout le passé des hommes. Dans notre civilisation l’avenir ne s’oppose pas au passé, il le ressuscite. D’où une conséquence sur laquelle je voudrais attirer particulièrement votre attention.»

Page de l’intervention du 23 juillet 1962.

Page des «textes d’André Malraux en ligne».

 

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