Quatre sortes de problèmes au moins se posent lorsqu’on aborde les Mémoires de Malraux. Le premier est constitué par cette espèce de prégnance tenace des difficultés qu’a rencontrées la réception des cinq livres les composant. Le deuxième tient à l’apparent désordre même de ces textes : la distribution chronologique des parutions et l’état des textes à ce moment-là ne correspondent pas à l’organisation que Malraux a donnée à ces ouvrages dans leur version définitive et unifiée. Le troisième est liée à l’identité générique de ces livres : le lecteur peut, comme François Mauriac, se demander s’il s’agit de vrais Mémoires (le premier volume ne s’appelle-t-il pas Antimémoires ?), de morceaux autobiographiques panachés de textes fictionnels réemployés arbitrairement, ou de textes hâtivement assemblés en une sorte de «pot-pourri» (Henry Bouillier) finalement peu cohérent ou désordonné. Le quatrième, dépendant des précédents, resssortit à la grande difficulté que peut éprouver le lecteur à trouver un sens à ces textes, voire une raison d’être, ou même une direction significative.
On voit comment ces quatre problèmes constituent une sorte de système fermé (le quatrième nourrit le premier et ainsi de suite) qui empêche d’accéder à la véritable puissance littéraire du Miroir des limbes. Si je ne prétends pas apporter des réponses définitives à ces difficultés, je vais essayer de voir comment elles sont toutes factices (parce qu’elles appartiennent bien plus aux a priori du lecteur qu’à la réalité littéraire de ces textes) et de proposer quelques pistes explorant la signification de cet extraordinaire chef-d’œuvre qu’est le Miroir.
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