Mahmoud Messadi, maître incontesté de la littérature tunisienne de langue arabe, auteur, entre autres, du célèbre poème dramatique As-sud (Le Barrage), a été aussi un homme politique important dans la Tunisie indépendante : il fut, tour à tour, ministre de l'Education nationale, ministre de la Culture et Président du Parlement tunisien.
En 1945, alors que la Tunisie était encore sous le Protectorat français, il publie dans la 19e livraison de la revue Al -Mabahith (Recherches) qu'il dirige, une «Lettre ouverte à André Malraux, l'écrivain et le Ministre», en guise d'éditorial. Cette lettre, écrite en arabe, en même temps qu'elle témoigne de l'admiration que Messadi portait à André Malraux dont il s'avère qu'il connaissait d'une manière approfondie et la vie et l'œuvre, retient cependant l'attention du lecteur par l'attitude critique et le ton ironique adoptés par l'intellectuel tunisien vis-à-vis de son aîné français. Par quoi pourrait s'expliquer la position de Mahmoud Messadi dont l'œuvre demeure pourtant profondément malrucienne par le souffle héroïque et l'interrogation métaphysique qui la traversent ?