Le 30 mars 1966, André Malraux et Léopold Sédar Senghor inaugurent à Dakar le Premier Festival mondial des Arts nègres. Malraux y prend la parole et prononce un discours historique.
Extrait du discours de Malraux
Ce n’est pas parce que tel masque est meilleur que telle sculpture grecque que le phénomène africain s’est imposé au monde. C’est parce qu’à partir du jour où Picasso a commencé sa période nègre, l’esprit qui avait couvert le monde pendant des millénaires et disparu pendant un temps très court (du XVIIe au XIXe siècle européen), cet esprit a retrouvé ses droits perdus. Nous ne sommes pas aujourd’hui en face de l’art, comme on l’était au XIIe, bien entendu, mais nous avons ressuscité l’énorme domaine qui couvrait au XIIe siècle toutes les régions de la terre.
C’est là que l’Afrique a trouvé son droit suprême. C’est là que nous devons le reconnaître. Lorsque l’Afrique est chez elle en forme et en esprit, il ne s’agit plus d’un art de plus ou de moins. Ce qu’on appelait jadis naïveté ou primitivisme n’est plus en cause : c’est la nature même de l’art mondial qui est mise en cause par le génie africain. Elle accueille inévitablement le génie africain parmi les siens.
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