art. 168, juin 2013 | document • Pascal Pia : «Une lettre inédite à Pedro Creixhams sur la condamnation de Malraux, août 1924» (PAM n° 3, 2003)

Constantine. Infirmerie

Lundi 11 [août 1924]

 

Mon vieux Creixhams,

Je viens de recevoir ta lettre où j’ai trouvé les deux articles sur l’affaire de notre pauvre Malraux. J’avais lu juste avant le n° du 3 août du Petit Parisien où s’étalait, en belle page, un pareil tissu de sottises et d’injures. Je me doutais bien que la saloperie avait été distribuée à tous les journaux. Nous sommes cependant quelques-uns qui connaissions Malraux et l’estimions, il ne faudrait pas que notre amitié permît à celui-ci de faire les trois ans de prison à quoi il a, paraît-il, été condamné.

Je vais écrire à Paulhan et à Arland pour savoir s’il est possible de faire quelque chose en faveur d’André Malraux. Je pense maintenant que nous sommes un peu coupables de ne pas nous être occupés plus tôt de lui. Il faudra absolument que nous parlions et qu’on nous entende. Malraux doit revenir ici, avec nous. Je voudrais savoir si Arland, avec qui au mois de juin, avant de repartir, j’avais été trouver Fels et Jaloux à la Revue des Arts asiatiques, a l’espoir de faire bénéficier Malraux de quelque chose. Il nous faudrait aussi savoir ce qu’on fait de lui à Pnom Penh, si nous pouvons lui écrire. Nous ne pouvons le laisser seul.

Je t’écrirai plus longuement d’ici quelques jours, mais je suis assez gravement pris par les fièvres et je rentre demain matin à l’hôpital.

Je te souhaite de bien travailler. Écris-moi vite. Je t’embrasse et embrasse Madeleine,

Ton ami dévoué

P. Pia

P. Durand Pia

Du 3e Zouaves 2 cie

À l’Hôpital militaire Laveran

2e Fiévreux

Constantine

Algérie


 

Télécharger le document.

© www.malraux.org / Présence d’André Malraux sur la Toile

Texte mis en ligne le 10 juin 2013

logo