Texte repris du hors-série n° 1 de Présence d’André Malraux, 2004 : actes de la journée d’étude consacrée à «Malraux et l’Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France», BNF, 23 mai 2013.
Augustin Girard
Introduction à la journée d'étude
Augustin Girard, président du Comité d’histoire du Ministère de la culture, relate comment, sous l’effet d’impulsions croisées et singulièrement concomitantes, l’Inventaire général s’est imposé comme objet d’étude dont les enjeux touchent à la possibilité d’une métamorphose, au socle de l’institution, d’une conception de l’art fondée non plus sur son histoire mais sur son universalité.
Avant de laisser la parole aux historiens, je vais vous conter, en quinze minutes, à la suite de quelle série de hasards bizarres, mais significatifs, le Comité d’histoire a osé aborder l’Inventaire général.
L’histoire du ministère de la Culture, dont nous faisons notre quotidien au Comité d’histoire, a ceci de très réconfortant, de très chaleureux, c’est qu’elle a connu bon nombre de moments passionnés, inspirés, exaltants qui réunissaient alors des hommes et des femmes venus de partout dans l’enthousiasme, la générosité, et dans le risque, et qui produisaient en une poignée d’années de l’institution, même si celle-ci était mal perçue au début, inaperçue parfois et même brocardée sur le moment, et cette institution balbutiante, bricolante, fabriquait elle-même pendant ce temps du développement culturel durable : ainsi des maisons de la Culture, du Ministère lui-même dont Pierre Moinot disait que sa longévité était fort improbable au départ en 1959-1960; ainsi de la planification culturelle des années 1960 ou du FIC en 1970, des Chartes et de l’ONDA en 1974 ou du rajeunissement architectural et urbanistique qui a marqué les Villes Nouvelles à la fin des années 1970, du développement de Directions régionales des affaires culturelles (DRAC), du Prix unique du livre en 1981, du doublement du budget la même année, du Grand Louvre à peine plus tard et de la petite Fête de la Musique, revendiquée aujourd’hui par toutes les municipalités…
Or l' «Invention de l’Inventaire», comme a dit Chastel, 1′ «Aventure de l’Inventaire», comme ont avoué beaucoup d’autres, appartient peut-être à l’un de ces moments «étoilés», bénis des dieux, de notre histoire personnelle et collective au ministère de la Culture.
J’en fais l’hypothèse et c’est peut-être cette hypothèse, si vous voulez bien la partager, qui nous réunit tous aujourd’hui, tous tout différents que nous soyons les uns des autres. C’est en tout cas ce genre d’expérience hasardeuse d’innovation de politique culturelle que nous privilégions au Comité d’histoire, et que ce Comité s’est donné pour tâche de transmettre aux jeunes générations, du présent et aussi du futur.
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Texte mis en ligne le 11 juin 2016
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