Au travers de ses écrits, Malraux démontre les parallélismes et les oppositions entre l'Orient et l'Occident dans leur démarche esthétique. Il voit notamment chez les peintres de l'Extrême-Orient la fusion de l'art et de la vie. Au-delà de la ressemblance, les grands peintres de lavis quêtent le principe vital : l'âme. Le cas de Sesshû Tôyô (1420-1506), peintre japonais et moine Zen et de sa légende est très révélateur : « L'enfant prodige Sesshû, qui était puni, esquissa du bout de l'orteil, sur le sol, des souris qui semblaient si vivantes qu'elles rongèrent la corde qui l'entravait ». En plusieurs versions, cet apologue taoïste des pouvoirs magiques de l'artiste inspirera à Malraux l'épigraphe et le titre de La corde et les souris.
Au Japon, Sesshû est considéré comme le père fondateur du lavis japonais, renommé de son vivant jusqu'à nos jours, vénéré et presque sanctifié. Il y a un mythe Sesshû. Peintre-titan, prolifique comme Picasso, Sesshû est un héros comme Rembrandt, « personnage légendaire créé par ses œuvres ». Les sources spirituelles de ce peintre moine zen jouent aussi pour cette dimension mythique. Mais, peut-on considérer Sesshû comme artiste mondial ?
Dans son musée imaginaire de l'Extrême-Orient (L'Intemporel, chapitres VII et VIII), Malraux développe tous les problèmes du lavis par rapport à la peinture occidentale, surtout au travers des lavis de grands peintres classiques des Song, qui ont beaucoup influencé le lavis japonais, mais aussi au travers des œuvres de Sesshû. Sous le nom générique de lavis se cristallisent la quintessence de l'esprit et la spiritualité de l'Extrême-Orient : taoïsme, bouddhisme, civilisations des idéogrammes, et aussi le pouvoir créateur de l'artiste.
Comment Malraux présente-t-il l'œuvre de Sesshû dans ses écrits ?
Dans la perspective de l'histoire de l'art, nous proposons une brève présentation du peintre Sesshû et également une étude d'analyse sur sa place dans l'œuvre de Malraux.
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INEDIT – © www.malraux.org / texte mis en ligne le 10 mars 2011.