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«André Malraux à Paris», «Combat», 22 septembre 1944, p. 1.

André Malraux à Paris

 

André Malraux, dont nous avons donné récemment des nouvelles, était hier, et pour quelques heures, de passage à Paris. Sous l'uniforme du colonel Berger, encore troué des balles allemandes qui l'abattirent à Gramat, dans le Lot, il repart aujourd'hui sur le front de l'Est français, où l'appelle une mission dont nous aurons sans doute à reparler.

Après son arrestation et sa blessure, Malraux fut gardé à vue par la Wehrmacht et interrogé sur son identité. Contrairement à ce qu'on nous avait rapporté, il déclara être André Malraux.

Transporté d'ambulance en ambulance, il dut à sa blessure de ne pas être livré tout de suite à la Gestapo. A Toulouse, livré à la Gestapo, incarcéré à la prison Saint-Michel, l'instruction de son cas n'eut pas le temps d'être poussée. La ville fut, en effet, délivrée par les F.F.I.

Mais c'est par des femmes de détenus que les prisonniers furent délivrés. Ici se place une scène qui vaut d'être détaillée.

Les détenus libérés, plusieurs centaines, se réunissent dans la cour de la prison. On entrouvre la porte qui est balayée à ce moment par plusieurs rafales de mitraillettes. Du corridor de la prison, les détenus observent que ces rafales sont tirées par les colonnes allemandes qui quittent la ville et qui défilent devant Saint-Michel. On attend que la première colonne passe. Un homme court sur le trottoir d'en face et fait ouvrir toutes les portes cochères et toutes les devantures de commerçants.

Après la deuxième colonne, on fait passer un premier paquet de cinquante détenus. Et entre chaque colonne, les prisonniers passent, s'engouffrent dans les immeubles et disparaissent. La prison se vide ainsi complètement.

C'est ainsi qu'André Malraux a pu se trouver hier parmi ses amis de Combat.


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