art. 216, mai 2018 | document • Le voyage en Asie de 1958, dans «Le Monde»

Présence d'André Malraux sur la Toile, article 216, mai 2018

Revue littéraire et électronique de <www.malraux.org> / ISSN 2297-699X

Le voyage de Malraux en Asie en novembre-décembre 1958, dans Le Monde

«M. André Malraux quitte Paris pour l'Extrême-Orient», Le Monde, n° 4302, 22 novembre 1958, p. 16.
«M. Malraux hôte du chah d'Iran», Le Monde, n° 4304, 25 novembre 1958, p. 14.
«M. Malraux s'est entretenu pendant trois heures avec le chah d'Iran», Le Monde, n° 4305, 26 novembre 1958, p. 7.
«M. Malraux dépose une gerbe sur la tombe [sic] du Mahatma Gandhi», Le Monde, n° 4308, 29 novembre 1958, p. 16.
«M. André Malraux à Madras», Le Monde, n° 4309, 30 novembre – 1^er décembre 1958, p. 1.
«Inde. Le Séjour de M. André Malraux», Le Monde, n° 4312, 4 décembre 1958, p. 5.
«Inde. M. André Malraux a repris jeudi soir avec M. Nehru les conversations commencées le 28 novembre. L'entretien a été suivi par un dîner intime», Le Monde, n° 4314, 6 décembre 1958, p. 6.
«M. Malraux a quitté New-Delhi», Le Monde, n° 4316, 9 décembre 1958, p. 6.
«M. Malraux est arrivé à Tokyo», Le Monde, n° 4317, 10 décembre 1958, p. 5.
«“Il est nécessaire que les vieilles civilisations se comprennent”, déclare M. Malraux à Tokyo», Le Monde, n° 4318, 11 décembre 1958, p. 16.
«M. André Malraux pose la première pierre de la nouvelle maison franco-japonaise de Tokyo», Le Monde, n° 4321, 14-15 décembre 1958, p. 6.
«M. André Malraux est rentré à Paris», Le Monde, n° 4322, 16 décembre 1958, p. 5.

7. Le Monde du 6.12.1958

INDE. — M. André Malraux a repris jeudi soir avec M. Nehru les conversations commencées le 28 novembre. L'entretien a été suivi par un dîner intime. M. Malraux a offert à M. Nehru, à titre personnel, une édition moderne et rare des œuvres de Villon et lui a remis au nom du gouvernement une Vierge en bois du douzième siècle. M. Malraux, sa femme et ses collaborateurs visitent aujourd'hui le grand barrage de Bakra Nangal et la capitale de Punjab, Chandigarh, construite par Le Corbusier. — (A.F.P.)

**8. Le Monde du 9.12.1958**

Malraux a quitté New-Delhi

New-Delhi, 8 décembre (A.F.P).

— M. André Malraux a quitté l'Inde hier soir par avion à destination de Tokyo. Les nombreux entretiens que le ministre français a eus avec M. Nehru, au cours de son séjour de dix jours en Inde, ont revêtu un caractère culturel plutôt que politique, estime-t-on dans les milieux informés. Les problèmes politiques avaient d'ailleurs été examinés à Paris quinze jours avant l'arrivée de M. Malraux en Inde, lors du séjour du vice-président de la République indienne, M. Radhakrishnan (venu assister à la session de l'Unesco).

A la suite de la visite de M. Malraux des expositions d'architecture indienne, des concerts de musique et de chants indiens vont avoir lieu à Paris, tandis que la France enverra en Inde une mission représentative de la culture et des valeurs françaises. Au moment de quitter l'Inde, M. André Malraux a adressé au pays un message qui a été radiodiffusé.

9. Le Monde du 10.12.1958

Malraux est arrivé à Tokyo

Tokyo, 9 décembre (A.F.P).

— M. André Malraux, ministre délégué à la présidence du conseil, qui, venant de New-Dehli, est arrivé hier à Tokyo, a reçu ce matin la colonie française du Japon et doit ce soir assister à une réception offerte en son honneur par le ministre des Affaires étrangères, M. Fujiyama.

Au moment de quitter l'Inde, M. André Malraux avait adressé au pays un message radiodiffusé. Il a déclaré :

«Cette vieille terre de spiritualité est aussi pour beaucoup d'hommes, qui ne la verront jamais, une jeune terre d'espoir, celle qui n'a retrouvé son indépendance qu'au nom de la justice, celle qui ne veut vaincre sa misère et retrouver sa grandeur qu'au nom de la liberté.

L'Inde est aussi une terre des grands rêves, mais la figure du mahatma Gandhi, partout présente ici, qu'est-elle sinon la preuve de ce que peut créer la patience mise au service d'un grand rêve ? Et peut-être l'histoire étonnée reconnaîtra-t-elle un jour en la personne de Jawaharlal Nehru et en quelques-unes de celles qui assument ici l'une des plus lourdes tâches de notre temps des sages venant après un saint.

Au moment de quitter l'Inde, je souhaite à son peuple et aux guides que celui-ci s'est choisis toute la chance que peut souhaiter un homme. Car dans l'organisation de la fraternité, qui sera l'une des entreprises majeures de la civilisation qui commence, la chance de l'Inde sera l'une des chances du monde. »

10. Le Monde, 12 décembre 1958

Il est nécessaire que les vieilles civilisations se comprennent déclare M. Malraux à Tokyo.

Tokyo, 10 décembre (A.F.P.).

— «La France a l'intention de présenter à la fois un ensemble de manifestations théâtrales, de manifestations de la pensée et de recherches allant des musées à la Sorbonne et au Collège de France, conjuguées avec les efforts de la radio et de la télévision pour monter, en quatre mois, en France, puis au Canada et en Amérique latine, l'essentiel de l'attitude du Japon à l'égard du monde» a déclaré M. André Malraux, ministre délégué à la présidence du conseil, au cours d'une conférence de presse qu'il a tenue aujourd'hui à Tokyo.

Il ne s'agit pas, a précisé le représentant personnel du général de Gaulle après ses entretiens avec des personnalités japonaises, d'organiser seulement une exposition japonaise mais de permettre à deux vieilles civilisations de se rencontrer.

«J'ai trouvé a ajouté M. Malraux, auprès des autorités japonaises, que ce soit M. Kishi, premier ministre, ou le ministre de l'Education une compréhension immédiate et presque fraternelle de ces projets français.

Il existe actuellement dans le destin du monde quelque chose de décisif, ou avant deux ans il y aura une guerre atomique, et ce que nous avons à dire sera devenu singulièrement misérable, ou bien – et c'est ma prédiction – il n'y aura pas de guerre atomique parce qu'aucun pays ne pourrait y résister mais seulement des guerres provisoires, et par conséquent le destin du monde reste ouvert.

Il s'agit alors de savoir s'il existe des valeurs sur lesquelles la survie du monde peut se poser. C'est pourquoi les vieilles civilisations doivent prendre contact et se connaître, non pour retrouver leur passé, mais pour faire ensemble l'avenir, car il n'est pas certain que ce passé prodigieux qui a été celui de l'Iran, de l'Inde, du Japon et de la France, tienne en face de la prédiction marxiste. Ou bien nous pensons que le destin du monde est entièrement lié à l'évolution politique et économique, ou bien qu'il a pour objet le maintien et la création des valeurs humaines. Il n'est pas évident que ces deux possibilités soient contradictoires, le problème décisif du monde peut se résumer ainsi : comment une civilisation nouvelle qui commence pourra-t-elle concilier la volonté de liberté et celle de justice sociale ? Il est nécessaire que les anciennes civilisations se comprennent. Prenons par exemple la conception française actuelle du génie japonais : c'est seulement le bouddhisme, le zen, le bushido, la fraternité et la lucidité, la conception française de l'art japonais c'est le luxe et le raffinement.

Il est temps, a conclu M. André Malraux, que la France prenne l'initiative d'exprimer plus, d'exprimer le génie profond des peuples».

11. Le Monde, 15 décembre 1958

André Malraux pose la première pierre de la nouvelle Maison franco-japonaise de Tokyo

Tokyo, 13 décembre (A.F.P.).

— M. André Malraux, ministre délégué à la présidence du conseil, a posé ce matin la première pierre du nouvel édifice de la Maison franco-japonaise à Tokyo, au cours d'une pittoresque cérémonie religieuse shintoïste, à laquelle assistaient le prince et la princesse Takamatsu et M. Armand Bérard, ambassadeur de France. De nombreuses personnalités diplomatiques et universitaires japonaises, notamment M. Saburo Yamada, président de l'Académie japonaise et président du comité d'administration de la Maison.