Image of Art. 248, juillet 2019 | document • Henri Muller : «La rencontre de Malraux et du baron Clappique», «Figaro Littéraire», 15 juillet 1968, n° 1158, p. 20-21.

Art. 248, juillet 2019 | document • Henri Muller : «La rencontre de Malraux et du baron Clappique», «Figaro Littéraire», 15 juillet 1968, n° 1158, p. 20-21.

Henri Muller : «La rencontre de Malraux et du baron Clappique», Figaro Littéraire, 15 juillet 1968, n° 1158, p. 20-21.

 

Le baron Clappique. Curieux nom que celui-là. Il est né dans l'imagination d'André Malraux, qui en a fait un personnage de La Voie royale. Dans les Antimémoires, Malraux imagine qu'il l'a rencontré de nouveau à Singapour et que Clappique lui dit : «Je suis venu parce que les journaux ont annoncé votre présence. Je serais heureux de causer avec vous un peu à cause d'autrefois, mais surtout parce que je suis en train de faire un p'tit film sur un type auquel vous vous êtes intéressé au temps de La Voie royale : David de Mayrena, le roi des Sedangs. J'ai trouvé pas mal de documents de derrière les hibiscus qui vous intéresseront !» L'homme qui a inspiré ce Clappique, je l'ai bien connu. Il amusait Malraux, comme il a amusé tous ses amis, par sa façon de s'exprimer, par ses dons d'imitateur, par la vie pittoresque, bohème et nimbée de whiskies qu'il menait. Il s'appelait René Guetta (dit Toto), il était israélite, ne mesurait pas plus d'un mètre soixante et avait, je cite Malraux, «un profil de furet».

La manière dont il fit la connaissance de Malraux, il me l'a souvent racontée; elle est, je crois, exacte. Guetta avait, il est vrai, une imagination débordante, mais mon vieil ami Bertrand Jaunez, qui était du même voyage sur l'Ile-de-France me l'a confirmé. Donc, pendant la traversée vers New York, le capitaine avait fait la connaissance de Bertrand et de René; on avait parlé littérature, quand un jour il vint leur dire : «J'ai découvert, cela vous intéressera, qu'il y a un écrivain célèbre à bord». «Qui ?» demandèrent-ils. Et la réponse fut : «Marlaux». Ses deux interlocuteurs se regardèrent un peu surpris. Ils ne connaissaient aucun homme de lettres de ce nom, et ils demeurèrent fort perplexes. Cela jusqu'au moment où le capitaine, lors des présentations, rectifia et prononça correctement le nom de l'auteur des Conquérants


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