art. 133, avril 2012 • Document | Ignacio Cembrero : «La République aussi a eu ses “Maures”» (PAM n° 1, 2001)

Retour sur un point d'histoire méconnu de la guerre civile espagnole : Ignacio Cembrero, qui reprend les conclusions des travaux de l'historien tunisien Abdelatif Ben Salem, rappelle que des centaines d'Arabes luttèrent dans le camp républicain. L'article a paru dans El Païs, 26 juillet 1998.

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« Pourquoi ne te joins-tu pas à nous ? », avait demandé le chef des miliciens au passant qu'il venait de croiser dans la rue, à Barcelone, en août 1936.

« Je suis un volontaire arabe et je suis venu pour défendre la liberté à Madrid, pour défendre Damas à Guadalajara et Jérusalem à Cordoue… », lui répondit son interlocuteur.

« C'est vrai que tu es Arabe ? que tu es un Maure, c'est-à-dire Marocain ? C'est impossible puisque les Marocains sont du côté des assassins fascistes. Ils attaquent nos villes : ils pillent nos maisons et violent nos filles », lui répondit le milicien incrédule.

« Ces Marocains qui aujourd'hui suivent les généraux fascistes offensent par leur comportement les Arabes et l'Islam et ils ne représentent qu'eux-mêmes. »

Et comme le chef dans son uniforme de milicien le regardait d'un air dubitatif, le passant continua : « Je ne suis pas le seul Arabe ici. Dans les Brigades Internationales, il y a des Arabes et d'autres vont arriver. Sois sûr que beaucoup de Marocains qui suivent Franco, comprendront la vérité, se mettront à fuir et à rejoindre vos forces. Dans nos pays arabes, il y a des millions de personnes qui éprouvent de la sympathie pour la République espagnole et soutiennent la démocratie. »

Le voyageur avec qui le volontaire armé parlait n'était pas Marocain, mais Palestinien. Il s'appelait Nayadi Sidqi, avait trente et un ans, militait au sein du Parti Communiste de Palestine. Lorsqu'avait éclaté la guerre civile, le Komintern lui avait demandé d'aller en Espagne pour tenter de susciter des désertions dans les rangs des Marocains servant dans les troupes de Franco. Le journal soviétique La Pravda consacra de nombreux articles à ses efforts.

 

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© Présence d’André Malraux sur la Toile / www.malraux.org

Texte mis en ligne le 22 avril 2012.

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