Dans ce témoignage inédit, donné par François Lachenal lors d'une table ronde organisée le 18 novembre 1996 par l'Association des Amis d'André Malraux, l'on retrouve le Malraux farfelu, adepte du Docteur Faustroll, membre du Collège de ‘Pataphysique.
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J'ai rencontré André Malraux en 1943. Au début, on s'est écrits. Puis je suis allé le voir à Saint Chamond, au début 44, pour lui apporter un livre sur Lawrence d'Arabie.
On lui demandait un texte pour l'anthologie qui allait paraître en Suisse sous la direction de Jean Lescure et qui s'appellerait « Domaine français » de 45 écrivains qui ne collaboraient pas. Mais « il faut des textes inédits », disait Jean Lescure. André Malraux, qui pourtant écrivait beaucoup, nous a envoyé un peu de La Lutte avec l'ange, mais qui avait déjà paru à Lausanne et donc il n'a pas été retenu dans le « Domaine français » : c'est pour cela que je ne suis pas un éditeur d'André Malraux. On a beaucoup parlé. Il m'a semblé qu'il écrivait beaucoup, que d'écrire était à ce moment-là plus important que tout et en particulier ce livre sur Lawrence d'Arabie qui ne devait pas être une biographie parce que Lawrence d'Arabie avait lui-même écrit une autobiographie de 800 pages, mais ce devait être une discussion avec l'écrivain. Je vais vous lire un extrait de la lettre reçue : « Il y a Lawrence le colonel, pas achevé. Ce n'est pas une biographie, mais une analyse de son drame dont l'intérêt à mes yeux est dans la tragédie qu'implique tout individualisme rigoureux lorsque l'on veut non la pensée mais le vivre.» Il m'a envoyé cette lettre. En même temps il me disait qu'il aurait besoin d'un livre sur Lawrence d'Arabie écrit par un Anglais, livre qu'il ne trouvait pas en France, ni à la Bibliothèque nationale, ni autre part. Je l'ai cherché en Suisse. Je n'ai rien trouvé. Enfin, un ami l'a trouvé à Londres. Il me l'a envoyé par la valise diplomatique cette fois-ci, par Berne et Vichy et j'ai pu le faire parvenir à Malraux, qui m'en a beaucoup remercié et me l'a rendu quelques années après.
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© Présence d’André Malraux sur la Toile / www.malraux.org
Texte mis en ligne le 22 avril 2012.
