Texte repris du hors-série n° 1 de Présence d'André Malraux, 2004 : actes de la journée d'étude consacrée à «Malraux et l'Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France», BNF, 23 mai 2013.
Roger Delarozière
Conférence donnée à l’occasion du 30e anniversaire de la création de l’Inventaire général
Roger Delarozière, qui fut secrétaire général de la Commission Nationale de l’Inventaire (1962-1971) apporte dans cette conférence un éclairage complémentaire aux études que l’on a pu lire en livrant un témoignage de première main sur ce que furent les débuts de l’Inventaire général. Qu’il en soit ici chaleureusement remercié.
M. Riou, vous m’avez demandé d’évoquer les débuts de l’Inventaire Général. Je vais donc m’y efforcer, mais vous m’autorisez quelques remarques préalables.
Ce dont je vais parler est déjà assez lointain. J’ai quitté le Secrétariat Général de l’Inventaire en 1971. J’ai, depuis, fait bien d’autres choses. Il est donc possible que ma mémoire achoppe, et que je commette quelques erreurs, de noms, de dates ou de lieux. N’hésitez pas, le cas échéant, à les rectifier, je ne m’en formaliserai pas. Ne me demandez pas de chiffres, je les ai tous oubliés.
Je ne suis pas un historien d’Art, pas plus que je n’ai, par la suite, été un archéologue. Mes fonctions ont toujours été d’ordre administratif, et c’est donc sous cet angle que j’aborderai mon sujet. Ceci m’impose le devoir de rappeler les noms des administrateurs qui, aux côtés d’André Malraux, ont joué un rôle décisif dans le montage de l’Inventaire :
– André Holleaux, son Directeur de Cabinet,
– Ses conseillers techniques, Albert Beuret et Claude Robin,
– Jean Autin, Directeur de l’Administration Générale,
– Jean Bertin, Chef du Bureau du Plan et de l’Action régionale.
N’attendez pas de moi un exposé exhaustif. Vous connaissez tous la question.
Je m’en tiendrai au rappel de quelques données, problèmes et péripéties restés plus ou moins ignorés, oubliés, ou mal interprétés, dont les séquelles persistent peut -être encore aujourd’hui dans le filigrane de l’entreprise. Et j’essaierai de les expliquer.
Le point de départ de l’entreprise
Si j’ai bien compris, vous célébrez le trentième anniversaire de la création de l’Inventaire Général.
C’est fort bien, encore que le point de départ de l’entreprise se situe en 1963, avec la décision d’André Malraux, et la mise en place du Comité consultatif provisoire de l’Inventaire, préfiguration du Service de l’Inventaire.
L’explication de cette démarche est simple. Malraux voulait éviter qu’une Commission nationale créée de but en blanc ne se perde en discussions académiques, voire ne s’égare, ou ne se disperse. Il était donc nécessaire qu’au jour même de son installation, elle soit correctement située dans le cadre du Ministère, et dispose d’un corps de doctrine cohérente, d’une ébauche de programme d’implantations régionales, et qu’elle trouve à ses côtés un Secrétariat général déjà rodé, tenant d’une méthode et doté d’un budget.
On sait que l’Inventaire Général est issu d’une recommandation de la Commission des Affaires culturelles du IVe Plan. (1962-1965).
Il n’est pas inutile d’en rappeler les termes :
L’établissement d’un inventaire monumental tendra à la même politique d’intégration de ce patrimoine dans la vie nationale. L’inventaire portera sur les immeubles et les objets mobiliers. Il aura, bien entendu, pour but fondamental d’établir le dossier scientifique de chaque monument classé ou figurant à l’inventaire administratif, afin d’en préciser la valeur artistique, historique et archéologique; il éclairera les décisions en ce qui concerne les travaux de conservation. Il sera accessible aux enseignants ainsi qu’aux organisations et aux publications culturelles. Des commissions nationales et régionales devront en préparer l’établissement. Pour son local, son camion photographique et son matériel de classement, un crédit de 600.000 francs est inscrit au IVe Plan, qui suppose, bien entendu, le développement des crédits d’entretien correspondants.
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Texte mis en ligne le 11 juin 2016
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