Les Fleurs du Mal et Le Spleen de Paris de Charles Baudelaire continuent à faire couler l'encre et à irriguer la pensée critique moderne par des idées toujours neuves. Rien d'étonnant quand on se rend compte que ce poète avait entamé une révolution dans le domaine de l'esthétique et de l'art .Cette révolution avait été annoncée par les romantiques français mais elle a été approfondie et radicalisée avec Baudelaire. Les romantiques partagent avec l'auteur des Fleurs du Mal les idées de révolte et de transgression devenues les ingrédients du beau des temps modernes. Mais c'est Baudelaire qui avait engagé la poésie et l'art d'une manière générale sur les voies de la modernité.
Cette modernité est à comprendre comme une rupture avec les modèles artistiques traditionnels et classiques fondés principalement sur le principe esthétique de La Mimesis et la codification. L'originalité de Baudelaire réside, en grande partie, dans la libération de la poésie et de l'art des règles et des normes qui les figeaient autrefois et leur interdisaient d'appréhender le monde et l'être humain dans leur totalité. L'esthétique classique était basée sur les notions de stabilité et d'homogénéité. Baudelaire avait bouleversé ces fondements en introduisant le Bizarre, l'insolite et l'ambivalence dans l'art. Sans doute, était-il conscient que les classiques n'étaient pas parvenus à présenter une idée authentique du beau car ils s'étaient enfermés dans le respect des canons et des règles qui, selon lui, privaient l'art de ces beautés obscures et mystérieuses qu'on pourrait puiser dans l'Interdit et le laid. Ainsi, assoiffé du nouveau et de l'inconnu, Baudelaire parvient à déchaîner l'art des limites qu'on lui a assignées en procédant à une esthétisation de la Laideur et du Mal.
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