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Brigitte Paulino-Neto : «Béjart-Malraux, la danse de la mémoire», Parcours, avril 1987, n° 1, p. 74-79.

Avec Malraux ou la métamorphose des dieux, la pièce créée par le Ballet du XXe siècle au Cirque royal de Bruxelles en novembre 1986, Maurice Béjart est allé plus loin. Car, s'il est vrai qu'un écrivain, un aviateur, un farfelu, un aventurier surgissent sur scène comme autant de facettes d'une même personnalité, jamais Malraux ne s'y incarne comme un personnage unique ou univoque, comme un héros palpable ou, moins encore, comme un homme du commun. Et, selon Béjart, Malraux fut avant tout un créateur de mythes, le chorégraphe l'est aussi, il le prouve.

Comment, du reste, l'homme qui écrivait : «La musique seule peut parler de la mort», ou encore : «La danse des dieux est une solennisation du geste, comme la musique sacrée est une solennisation de la parole» – citations que Béjart lui-même a choisies comme exergue à son œuvre – comment un tel homme pourrait laisser Béjart insensible, lui qui est si prompt à s'émouvoir au spectacle du grandiose ?

Bien que familier de l'écrivain dès sa plus tendre enfance, Maurice Béjart ne rencontre Malraux qu'en 1968. C'est à Grenoble, à l'occasion de l'inauguration de la Maison de la culture, où l'on donne le Baudelaire en création mondiale dans le Petit Théâtre mobile, tandis que le Voyage, œuvre de 1962, créée pour l'Opéra de Cologne sur la musique de Pierre Henry, honore le Grand Théâtre.

Maurice Béjart raconte : «Je me souviens de Malraux me disant : “Faire danser Baudelaire, faire d'un poète un danseur, quelle drôle d'idée !” Nous en avons parlé pendant quelques temps et, tout d'un coup, nous avons trouvé chez Baudelaire une passion commune où les chats retrouvaient le royaume imaginaire de la poésie véritable et dangereuse.»


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