D/1952.02.23 — André Malraux, «Les armes ne valent que par les mains qui les tiennent», extraits d'une intervention faite au cours du meeting tenu le 23 février 1952 au vélodrome d'Hiver. Le Rassemblement [Paris], n° 248, 29 février-6 mars 1952, p. 12.
André Malraux
«Les armes ne valent que par les mains qui les tiennent»
Naturellement, le problème qui se pose immédiatement est le problème américain. Je voudrais alors, sans élever la voix, parler aux représentants de la presse américaine qui sont ici.
… Avez-vous oublié Tchang Kaï-chek, avez-vous oublié comment les armes que vous lui envoyiez sont tombées entre les mains de Mao, vos avions entre les mains des fuyards ? Une fois pour toutes, puissiez-vous dire en Amérique : les armes ne valent que par les mains qui les tiennent.
Je ne veux pas faire d'histoire ancienne, mais tout de même quelques-uns d'entre vous se souviennent de ce que fut Carthage – rayée du monde par les Romains.
… Voulez-vous tellement ne défendre la France qu'avec ceux qui ne se battent pas ? Ce n'est pas un socialiste ni un pacifiste, c'est un grand soldat, Lyautey, qui a dit : «Dans la guerre, tout finit par la force morale…»
L'artillerie de Louis XVI était la plus puissante du monde, mais il n'a rien su en faire.
Quand on nous dit que la classe ouvrière est notre ennemie, je fais remarquer qu'aux élections du 17 juin, les candidats qui ont obtenu le plus de voix ouvrières, les staliniens exceptés, sont des gaullistes et non pas les socialistes. Et que lorsqu'on nous dit que la classe ouvrière se lèverait contre le général de Gaulle, ce sont surtout les patrons des trusts et les journaux à leur usage qui le disent.