D/1959.11.10 — André Malraux, «Allocution de Monsieur André Malraux, ministre d'Etat chargé des Affaires culturelles. Grand Prix national des lettres, 10 novembre 1959», in Discours, allocutions, conférences de presse de M. André Malraux, ministre d'Etat chargé des Affaires culturelles, 1958-1969, s.l.n.d. [Paris, ministère des Affaires culturelles, 1970], n.p. [1 p.].
André Malraux
Allocution prononcée le 10 novembre 1959
Grand Prix National des Lettres remis à Saint-John Perse.
Lorsque j'étais, après vous, dans le désert afghan, les fouilleurs qui travaillaient avec moi espéraient trouver quelque jour le quadriage de bronze vert qu'Alexandre, dit-on, fit dresser sur le tombeau du Bucéphale; et je me souvenais d'Anabase – pour le cheval, pour l'épopée et pour le bronze… Lorsque je vous retrouve aujourd'hui, vous venez d'achever l'admirable poème où «la turbulence divine a son dernier remous». Pour tous les écrivains de ma génération, votre œuvre n'a cessé d'exprimer la poésie dans ce qu'elle semble porter d'invincible.
Veuillez donc accepter que l'homme du Jury du Grand Prix National des Lettres se joigne à celui que vous ont rendu cet été, à Knokke, les poètes de langue française, lorsqu'ils vous ont tous reconnu pour leur maître.