Jean-Claude Larrat [édit.], Dictionnaire André Malraux, Paris, Classiques Garnier, 2015, (coll. «Dictionnaires et synthèses», n° 7), 1215 p.
Extrait de la préface, par Henri Godard : «Et à quelle vie et à quelle œuvre conviendrait mieux qu’aux siennes ce parti pris de fragmentation, et donc l’entreprise d’un dictionnaire ? Dans les Mémoires d’Outre-Tombe, Chateaubriand racontait sa vie comme une succession de “carrières”. Malraux, lui, est comme le chat, son animal de prédilection et pour ainsi dire son totem : il a neuf vies ou plus – chineur de livres anciens, aventurier, éditeur, romancier, militant, orateur, combattant de terrain, ministre, ambassadeur de la culture française, d’autres encore, et, simultanément à toutes, du début à la fin, amateur passionné d’arts plastiques et philosophe de la création artistique. Chacune de ces vies comporte ses épisodes, ses incidents, ses rencontres, ses compagnons, ses interlocuteurs – de même que chacun des genres dont se compose l’œuvre était dans un certain état au moment où l’écrivain l’a abordé, a ses références, ses repères, ses modèles et ses contre-modèles qu’il faut connaître pour apprécier l’originalité de cette œuvre. Pour faire le point des connaissances sur chacun de ces sujets, rien de mieux qu’un dictionnaire.»
*
Une fois n’est pas coutume : que l’on me permette ici d’exprimer un point de vue tout personnel sur ma participation manquée à ce grand Dictionnaire André Malraux, préparé et attendu depuis 2010. J’avais été chargé par Jean-Claude Larrat de la rédaction de quelque 50 notices. Le travail commencé (les notices rédigées seront publiées prochainement dans PAMT), j’ai dû démissionner de cette entreprise passionnante, mes ennuis de santé étant devenus invalidants. Jean-Claude Larrat et les éditions Garnier ont su comprendre la gravité de ma situation : je les en remercie ici très chaleureusement. Quand j’ai reçu le dictionnaire pour le feuilleter et en lire maintes notices, j’ai éprouvé autant d’admiration que de colère : admiration pour la très haute qualité de la très grande majorité des entrées; colère devant la béante déficience de quelques autres – parmi lesquelles, évidemment celles qui m’avaient été confiées et pour lesquelles j’avais réuni une documentation solide. En effet, quand la critique ou le commentaire littéraires manquent totalement leur but, le principal problème est beaucoup moins lié à la pensée qui s’exprime ou au point de vue que l’on expose qu’à l’inanité de la documentation sur laquelle on s’appuie. Cela est particulièrement vrai quand il s’agit de «faire le point des connaissances» que les études malruciennes ont établies depuis 70 ans. (clp)
*
Lettre reçue de M. Jean-Claude Larrat au moment de la parution du dictionnaire (publiée avec son assentiment) :
«En tant que directeur du Dictionnaire Malraux récemment publié aux éditions Garnier Classiques, je tiens à saluer ici Claude Pillet qui fit partie de l'équipe formée à l'origine du projet. Il prit une part très active à nos travaux, jusqu'à ce que de graves soucis de santé l'obligent à renoncer à cette collaboration. Je lui ai dit alors combien je regrettais son départ. Ses travaux sur l'œuvre de Malraux, notamment sur Le Miroir des limbes, font aujourd'hui autorité, tant pour leur apport documentaire que pour leurs analyses fines et approfondies ; on y retrouvera de nombreuses références dans plusieurs articles du dictionnaire. Je saisis ici l'occasion de le remercier au nom de tous ceux qui s'intéressent aujourd'hui à l'œuvre de Malraux. Je suis sûr que, comme moi, ils souhaitent longue vie au site internet qu'il anime avec tant de maîtrise et de compétence.» (22 août 2015.)
_______________________________________________
Recension fort pertinente de Jacques Poirier, professeur à l’Université de Bourgogne, parue sur <fabula.org>:
Jacques Poirier, « Malraux buissonnier », Acta fabula, vol. 17, n° 2, Notes de lecture, Février-mars 2016, URL : http://www.fabula.org/acta/document9688.php, page consultée le 17 avril 2016.