Extrait :
On ne s'occuperait pas de lui si ses amis ne suscitaient un mouvement d'opinion. Que les israélites aient défendu le capitaine Dreyfus ne le rendait ni coupable ni innocent.
Les collaborateurs se réjouiront ? Peut-être. Les combattants maurrassiens de la Résistance et de l'armée de la Libération (où j'en ai tout de même rencontré, malgré l'Action Française !) aussi.
Et peu importe. Car il ne s'agit surtout pas ici de préjuger de la sentence du tribunal de révision. Pas plus que pour Dupont ou Dubois : Maurras a été poursuivi comme citoyen. Il s'agit de savoir quel est le droit de cet homme, et de le lui reconnaître, qu'il ait été ou non notre adversaire.
En particulier, Maurras, poursuivi pour «intelligence avec l'ennemi», a été accusé d'être un dénonciateur. Ou bien c'était vrai, et sa place est au cimetière. Ou bien c'était faux, et on doit le proclamer, même si sa culpabilité sur d'autres points demeurait entière. Je ne vois pas l'avantage que pourrait avoir la France à laisser confusément déshonorer des hommes qui appartiennent, qu'on le veuille ou non, à l'histoire de sa pensée.
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