André Malraux est invité à s’exprimer devant la Commission spéciale de l’Assemblée Nationale, au sujet des propositions de loi relatives aux libertés et droits individuels. Il a développé son point de vue le 12 mai 1976.
Monsieur le Président, mes prédécesseurs ont beaucoup fait la philosophie de la liberté. Pour ma part, je préfère en venir immédiatement à la réalité idéologique de base en matière de liberté, qui est la contrainte.
Qu’est-ce, en effet, que la liberté de ne rien faire si personne n’est là pour vous en empêcher ? Au cours de l’histoire, les sources de contraintes se sont succédé : pour le XVIIIe siècle, c’étaient les privilèges et la religion; pour la Convention, c’étaient les rois; pour Marx et Lénine, c’était le capital. En fait, toute grande idéologie politique est la dénonciation d’une contrainte fondamentale et l’organisation de la lutte contre elle. Déterminer les contraintes est donc le seul moyen de déterminer les libertés et leur ordre d’urgence dans des conditions déterminées : une nation, la France, démocratie occidentale, fait face, au cours du dernier quart du XXe siècle, à une crise de civilisation que chacun constate et que nul ne définit. Toutefois, dans cette crise, nous distinguons des caractères, dont le premier est le drame de la jeunesse que nous étudierons en dernier en raison de ses immenses conséquences.
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© www.malraux.org / mars et juillet 2010