Malraux à Oxford, 1967
Le 18 novembre 1967, Malraux inaugure la Maison française d’Oxford et prononce le discours qui suit.
Mesdames, Messieurs,
Et vous tous qui dans cette salle portez la robe de l'Université, vous rendez-vous compte que, depuis la naissance de la civilisation occidentale, jamais la responsabilité de l'Université n'a été si lourde dans le destin des hommes ?
Lorsque a commencé la civilisation machiniste, on a dit, banalement, que la machine lutterait contre l'esprit ; nous savons aujourd'hui qu'à toutes les usines de la terre répondent les usines à rêves. Trois mille personnes allaient au spectacle à Paris il y a cent ans ; trois millions écoutent la télévision. Or, cet appel du rêve à la totalité des hommes implique – les marchands de rêves n'étant pas spécialement dominés par l'esprit – l'appel, le plus profond et peut-être le plus tragique que l'humanité ait jamais connu, à ses fantômes et démons. Ce qui est le plus puissant à travers la télévision, à travers le cinéma, ce sont les instincts et les puissances organiques du sexe et du sang. Or, la seule chose (et nous ne l'avions pas prévue), la seule chose qui compte en face des démons du sang, ce sont les paroles immortelles.
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© www.malraux.org / mars 2010.
Le texte original, issu de la sténographie réalisée par l’Ambassade de France à Londres, est visible en ligne.