André Malraux
Intervention à l'Assemblée Nationale, 7 novembre 1964
Présentation du budget des Affaires culturelles
Extrait :
Cette expression d’une volonté nationale, essentielle chez nous – non pas nationaliste, mais nationale – concerne d’abord notre patrimoine.
Nous avions cette année à établir un programme de fouilles. Vous savez comme moi qu’à l’étranger l’action de la France en ce domaine est exemplaire. Les fouilles françaises de Syrie, du Liban et d’Afghanistan sont à peu près les dernières des grands pays européens. Elles sont terminées. En France, on a découvert le gisement de Pincevent, le plus grand gisement paléolithique du monde, exception faite des gisements russes. En trois jours, ce qui était demandé a été obtenu. Le nécessaire a été fait aussi pour Grand. Tout cela n’est qu’un début. Mais l’absence de fouilles en France a cessé.
La France n’avait pas un inventaire de ses monuments. Elle en a un depuis cette année. L’Alsace, le Languedoc et la Bretagne sont en cours d’inventaire.
La caisse des monuments historiques a été rénovée. L’exécution de la loi de programme des sept monuments – vous la connaissez, Mesdames, Messieurs, puisque nous l’avons faite ensemble – se poursuit. La restauration des fresques de Fontainebleau, pour la partie François Ier, est achevée. Allez donc voir maintenant cette galerie : les fresques sont complètement dégagées. C’est vraiment très bien !
Nous avons restauré la façade des Invalides. Demain, les Invalides, l’un des plus beaux monuments du monde, seront complètement dégagés.
Nous avons fait le creusement des fossés devant les colonnades du Louvre, sans grands frais, puisque c’est l’armée qui s’en est chargée.
Les statues de Maillol sont aux Tuileries. La grotte de Lascaux est sinon sauvée, du moins protégée.
L’inscription des quais de la Seine et des quartiers centraux de Paris est faite et vous savez comme moi que sauver les quais de la Seine, ce n’était vraiment pas rien.
Le périmètre exceptionnel de protection autour du parc de Versailles est une chose acquise.
Pour les monuments historiques endommagés par la guerre, l’effort maximum sera accompli en faveur du palais de justice de Rouen. Les crédits sont en augmentation par rapport à l’an dernier ; de peu, il est vrai, mais enfin ils le sont.
Pour les secteurs sauvegardés, les travaux ont débuté à Lyon et à Avignon.
Des immeubles contemporains sont classés pour la première fois.
Le plafond de l’Opéra, que beaucoup croyaient ne jamais voir, est peint.
Les prototypes de mobiliers français ont eu le premier prix de l’exposition de Milan.
Nous enregistrons la transformation admirable du musée de Saint-Germain, dont la réouverture sera prochaine. Dieu sait d’où il vient, celui-là ! C’est une réussite comparable à la plus belle réussite italienne, celle du musée Corrège.
Les travaux du pavillon de Flore avancent.
Quant aux donations, vous savez qu’elles ont dépassé tout ce qui existait jadis : pour la fin de cette année et le début de l’année prochaine, elles dépasseront 10 milliards de francs.
Voilà pour le passé. Et demain ?
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