«L'Express», 14 février 1963, n° 609, p. 24-25. «Enquête – Où va le 1% ? Comment Monsieur Malraux a confondu le racket des marbriers avec l'aide aux artistes. »

L'Express, 14 février 1963, n° 609, p. 24-25.

 

Enquête – Où va le 1% ?

Comment Monsieur Malraux a confondu le racket des marbriers avec l'aide aux artistes.

 

Pourquoi cette vague d'indignation montée des ateliers d'artistes ? Pourquoi ce tollé général des syndicats de peinture et de sculpture, de l'Union des Arts Plastiques et de la presse spécialisée contre le ministre de la Culture, M. André Malraux. «L'Etat contre les artistes» titre l'un. «Malraux, démissionne», proclame l'autre.

En fait, de quoi s'agit-il ? D'un de ces discours confus, dont le ministre Malraux a le secret, et qui serait passé inaperçu s'il n'avait été reproduit au Journal officiel.

Au cours de la discussion du budget des Affaires culturelles, André Malraux est intervenu le 19 janvier à l'Assemblée Nationale pour dire tout le mal qu'il pensait de la forme actuelle du mécénat de l'Etat connue sous le nom de : 1%.

Qu'est-ce que ce 1% ? C'est le pourcentage du coût d'une construction scolaire réservé, en principe, sur le montant des crédits consommés, à sa décoration artistique. Quand l'Education Nationale fait édifier un lycée de huit millions, elle doit prévoir l'affectation d'un crédit supplémentaire de 80.000 francs pour la décoration du bâtiment. Quand elle subventionne la construction d'un groupe scolaire municipal de 1 million, elle doit de même ajouter 1% au montant de sa subvention, laissant le soin à la municipalité de compléter cette part jusqu'à concurrence d'un total de 10.000 francs.

Ce principe résulte non d'une loi, mais d'une série de dispositions réglementaires qui ont codifié, au lendemain de la guerre, les initiatives de Jean Zay à la fois pour confier aux architectes et aux collectivités les crédits nécessaires à la décoration des nouveaux édifices publics, pour consacrer de grands artistes par des commandes de l'Etat et pour susciter l'éclosion de talents nouveaux en donnant leur chance aux artistes inconnus ou méconnus.


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