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«Combat», 23 juin 1968, n° 7445, p. 1. Maurice Clavel : «A Malraux».

Combat, 23 juin 1968, n° 7445, p. 1.

Maurice Clavel : «A Malraux».

 

Ton discours versaillais à la porte de Versailles n'était tout de même pas d'un bout à l'autre idiot et hideux. J'y relève :

«Ces grèves capitales ont été singulières par leur absence de haine… plus profondes que les revendications… Cette répétition générale d'un drame suspendu montrait chez les grévistes la conscience de la fin d'un monde».

Oui, tu as deviné notre bonheur, envié notre amour. Je sens ton mal de ne pas en être, toi qui n'as plus pour toi que les riches, les jaunes, les trouillards, les policiers, les fossiles, les jeunes veaux que tu oses appeler ailleurs «les étudiants, les vrais» ! On sent ce qui te ronge : ta vie perdue, tes absolus reniés ou fuis, ta jeunesse…

Il est peut-être encore temps que tu t'arraches à vingt ans de ganacherie, que tu viennes à nous pour revenir à toi-même. Tes difficultés d'être disparaîtront. Mais c'est le dernier délai, presque passé, puisque déjà tu réprimes.

Viens. Je ne représente rien, ni personne. Mais au besoin j'userais mes forces à te faire admettre comme un vieux frère.

Sinon tu finiras dans la peau d'un vieux schnock assaisonné de salaud.


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