«De Gaulle avait chargé Malraux de s'entretenir avec les dirigeants chinois de tous les grands problèmes. Il n'a pas été question, dit-on à Paris, de rencontre franco-chinoise au sommet.», «La Nouvelle République», 5 août 1965, p. 1 et D.

«De Gaulle avait chargé Malraux de s'entretenir avec les dirigeants chinois de tous les grands problèmes. Il n'a pas été question, dit-on à Paris, de rencontre franco-chinoise au sommet.», La Nouvelle République, 5 août 1965, p. 1 et D.

 

Paris, 4 [août 1965]. — Le voyage en Chine de M. André Malraux a perdu une bonne part du caractère mystérieux et secret qui l'entourait. On a appris, ce matin, que le ministre d'Etat était porteur d'un message du général de Gaulle pour Mao Tsé-toung et les dirigeants chinois, l'accréditant pour procéder avec ceux-ci à «un large échange de vues sur les grands problèmes qui intéressent la France et la Chine».

A cet échange de vues, annoncent des indications de source officieuse, M. Malraux a procédé longuement, s'entretenant avec le président de la République M. Liou Chao Chi, avec le chef du gouvernement M. Chou En-lai, avec le ministre des Affaires étrangères, le maréchal Chen Yi, et finalement avec M. Mao Tsé-toung lui-même.

Il est très satisfait, dit-on à Paris, de ces conversations, qui lui ont permis d'être mieux informé sur les conceptions de Pékin vis-à-vis de la guerre du Vietnam, sur l'évolution des affaires extrême-orientales en général, et probablement aussi sur les idées de Pékin touchant les relations de la Chine avec les grandes puissances de l'O.N.U.

De son côté, il a pu exposer à ses interlocuteurs, dans le même esprit, les conceptions du général de Gaulle.

Ces indications qui mettent en lumière l'importance des conversations de M. Malraux, limitent, en même temps, leur portée immédiate.

Il n'est pas question que M. Malraux ait préparé une rencontre prochaine franco-chinoise «au sommet». Cette hypothèse a fait l'objet d'un démenti catégorique. Ce qui n'exclut pas, naturellement, l'éventualité de la visite de quelque ministre chinois à Paris, à l'occasion par exemple de la grande exposition d'art chinois que projette d'organiser le ministre des Affaires culturelles.

Quant aux conséquences tangibles que les entretiens franco-chinois pourraient exercer sur les développements de la guerre au Vietnam, il serait aventureux de s'attendre à les enregistrer dans un proche avenir.

Il convient cependant de retenir, dit-on dans les milieux officieux que, pour faire connaître ses intentions et ses tendances au monde occidental, le gouvernement de Pékin, qui ne dispose plus du truchement de Moscou, peut apprécier les ressources que lui offre le passage par Paris.

 

Malraux quitte Pékin ce matin [5 août]

Après un séjour de plus de deux semaines en Chine populaire et des échanges de vues approfondis avec les dirigeants chinois, André Malraux quittera Pékin ce matin pour Hong Kong et sans doute la France, annonce une dépêche du correspondant de l'A.F.P. à Pékin.

A Paris, pourtant, on démentait les informations selon lesquelles M. Malraux aurait reçu pour instruction de revenir immédiatement à Paris, après ses contacts avec les dirigeants chinois.

Malraux, soulignait-t-on, est «en voyage privé»; il a l'intention de visiter après la Chine d'autres pays de l'Extrême-Orient puis du Proche-Orient, avant de revenir à Paris. Cependant «comme il s'agit d'un voyage privé, il est naturellement libre de modifier ses projets».


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