art. 93, janvier 2011 • Claude Pillet : «Limites et exigences de “La Pléiade” : compte rendu de Malraux, “Œuvres complètes”, t. VI» (inédit)

Le sixième et dernier volume des Œuvres complètes de Malraux dans «La bibliothèque de la Pléiade» est paru en novembre 2010. Intitulé Essais, il groupe plus de deux cents textes fort divers dont le plus important est sans conteste L’Homme précaire et la littérature. Recension par Claude Pillet.


 

André Malraux, Œuvres complètes, t. VI : Essais, volume publié sous la direction de Jean-Yves Tadié, avec la collaboration de Philippe Delpuech, Christiane Moatti et François de Saint-Cheron, Paris, Gallimard, «Bibliothèque de la Pléiade», 2010.

 

L'édition du dernier volume des œuvres complètes d'un auteur est sans doute la plus passionnante de toutes celles qui l'ont précédée dans la même série. Non qu'elle apporte enfin au lecteur impatient de quoi satisfaire sa curiosité, mais parce que, clôturant un ensemble d'œuvres trouvant par là leur configuration définitive, il impose du coup à cette organisation la signification que suscitent la réunion des œuvres ainsi rassemblées, les nouveaux rapports que celles-ci entretiennent dans le nouvel ensemble et la cohérence que celui-ci est censé manifester enfin clairement.

En ce qui concerne la composition et l'édition du sixième et dernier volume des Œuvres complètes de Malraux dans la «Bibliothèque de la Pléiade», la tâche de ses éditeurs a dû être aussi rude que délicate. Dirigés par Jean-Yves Tadié (on connaît l'édition plus que magistrale qu'il a donnée de la Recherche de Proust dans la même collection dans les années 1988-1989), les travaux de Christiane Moatti, François de Saint-Cheron et Philippe Delpuech ont surmonté d'innombrables obstacles matériels et bibliographiques. En effet si beaucoup de textes sont très rares et d'accès parfois fort difficile, tous sont extrêmement divers quant à leurs caractéristiques génériques, à leurs destinations éditoriales, à l'environnement textuel de leurs premières publications. Si plusieurs sont des textes littéraires (on pense à L'Homme précaire et la littérature mais aussi à D'une jeunesse européenne ou à tel fragment qui trouvera place dans la deuxième version des Chênes qu'on abat…), beaucoup d'autres relèvent du paratexte ou du péritexte ou encore de l'épitexte d'autres textes (d'autres auteurs) : on a donc aussi bien des articles que des préfaces, de brèves déclarations que de courtes notes, voire des discours ou des textes d'entretien. Les uns, nombreux, concernent les combats et les engagements politiques ; d'autres, en plus grand nombre encore, la littérature ; d'autres sont liées à des questions ou des faits culturels. Beaucoup de textes appartiennent à la jeunesse de l'écrivain et à ses premiers combats d'Indochine, d'autres, (assez nombreux) sont ceux du compagnon du RPF, quelques-uns seulement (pourtant ils furent légion) sont ceux du ministre du Général, peu sont ceux du compagnon de route des communistes. C'est dire l'immensité de la diversité de nature, de fonction et de statut des 232 textes que propose le volume – en même temps que l’étonnant choix qui a présidé à leur sélection, contrevenant, semble-t-il, aux multiples renouvellements par lesquels s’est dessinée l’œuvre de l’écrivain.

 

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INEDIT / © www.malraux.org – 6 janvier 2011

 

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