art. 99, mai 2011 • Jean-Marcel Paquette : «L’Homme de l’Histoire et le Grand Artiste» (2001)

Communication proposée au colloque «Malraux» de l’Université Silpakorn de Bangkok, novembre 2001.

 

L'Homme de l'Histoire et le Grand Artiste
(Charles de Gaulle et André Malraux)

 

Rappelons d'abord brièvement les faits :

 

L'Allemagne en guerre occupe la France en juin 1940 (2483), mais dès le 18 de ce mois, le général de Gaulle, alors pratiquement inconnu, lance de Londres où il s'est réfugié, un appel à tous les Français en vue d'une résistance à outrance et sans condition à l'occupation étrangère; il crée ainsi le gouvernement en exil de la France Libre. André Malraux est alors caporal dans l'armée française, bientôt prisonnier, puis résistant, de nouveau prisonnier, enfin créateur de la célèbre brigade Alsace-Lorraine, laquelle ne déposera les armes qu'au moment de la Victoire. À la Libération de Paris en mai 1945 (2488), de Gaulle devient chef de l'Etat, mais l'impossible politique des partis traditionnels l'entraîne à démissionner six mois plus tard, en janvier 1946 (2489); quelques semaines plus tôt, il avait demandé à rencontrer un certain écrivain, déjà avantageusement connu, du nom d'André Malraux, dont il avait entendu parler comme d'un homme considérable pour sa vision de l'histoire; après un long entretien, qui ne porta que sur l'histoire précisément, le Général fit de lui, d'abord, un conseiller technique attaché à son cabinet, puis le nouveau ministre de l'Information. De Gaulle quittant la scène politique, Malraux l'abandonna aussi; il n'aura été ministre que six semaines. Mais il sera sa vie durant le fidèle et inséparable compagnon du héros de la Libération.

Douze ans plus tard, en mai 1958 (2501), la France, alors tragiquement déchirée par la guerre qui sévit en Algérie, fait de nouveau appel au général de Gaulle, qui revient au pouvoir en sauveur encore une fois, le 13 mai. Pendant ces douze années de retraite volontaire du Général, un mouvement s'était dessiné, le R.P.F. (Rassemblement du peuple français) pour espérer et en quelque sorte provoquer le retour du général de Gaulle à la tête de l'État; Malraux est de ce mouvement presque sans en être, mais grand orateur de toutes les assemblées publiques, fidèle à la seule personne du Général. Il croit fermement, comme il le croira jusqu'à la fin, que l'homme qui a sauvé la France une fois est seul en mesure de la ressusciter et de lui donner, dans les contingences d'un monde nouveau, une mission digne de son passé historique. Lors de ce retour du Général, en 58, Malraux est nommé cette fois ministre de la Culture – ministère qu'il est appelé à créer de toutes pièces – il le restera jusqu'au second départ du général de Gaulle en 1969 (2512), à nouveau démissionnaire devant la pagaille où les évènements de Mai 68 avaient replongé la France. Le Général mourut en novembre 1970 (2513); André Malraux le suivit, dans le même mois, six ans plus tard.

 
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© Présence d’André Malraux sur la Toile, www.malraux.org, 1er mai 2011
 
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