art. 114, novembre 2011 • Régis Debray : «Malraux et la psychologie de l’art» (1996)

Conférence à l'Unesco, 23 novembre 1996.

 

Malraux et la psychologie de l'art

 

S'il est un lieu d'avenir et d'ouverture où l'œuvre de Malraux mérite de résonner, c'est bien l'Unesco, ce « carrefour mondial des cultures ». Cultures familières ou lointaines, survivantes à l'horreur économique et s'entêtant à vivre, s'interpellant en toute fraternité, sans supérieurs ni inférieurs, sans évolués ni primitifs : toutes égales, riches ou pauvres, devant le sens à donner, ou non, à la vie. Les Français connaissent mieux l'oraison funèbre pour Jean Moulin que l'appel pour sauver les monuments de Haute-Égypte qu'il prononça ici-même en 1960. Pourtant, les deux oraisons traduisaient une seule et même volonté : faire partager au plus grand nombre « l'héritage de la noblesse du monde », où les résistants et les créateurs, les héros et les architectes siègent au coude à coude. Cette journée a fort justement échelonné les cérémonies. L'Unesco avant le Panthéon. Le forum avant le sanctuaire. Le monde avant la nation. L'humanité avant la République. C'est la bonne chronologie, pour un patriote qui aimait à répéter que sa patrie n'est jamais aussi grande que lorsqu'elle l'est pour tous les hommes.

Les hommes et pas seulement les Européens. Le monde entier et pas seulement la presqu'île de l'Asie. Une biographie se fabrique, une œuvre ne s'invente pas. Il nous l'a lui-même assez répété : c'est l'œuvre qui authentifie et transfigure la vie, pas l'inverse. Et qu'est-ce que cette oeuvre-voyage, ce film-voyage à n épisodes et rebonds, sinon, excusez le mot, une des plus belles road-movies du siècle, qui a fait le tour de la terre livre après livre, comme son auteur.

 

Lire la suite : télécharger l’article.

 

 © Présence d’André Malraux sur la Toile, article 114, texte mis en ligne le 9 novembre 2011 / www.malraux.org

Texte publié avec l’aimable autorisation de l’auteur.

 

logo