M. Ousmane sow Huchard est muséologue, mais aussi anthropologue, musicologue et critique d’art au Sénégal. Voici le texte d’une conférence qu’il donna au colloque Malraux et l’Afrique, à l’université de Ziguinchor, le 16 décembre 2011.
En ma qualité de muséologue, comment porter un témoignage sur André Malraux, dans le cadre de ce colloque consacré à ses rapports avec l'Afrique ? Sinon que de parler de l'ami des objets-témoins des civilisations noires, des principaux acteurs et des évènements qui ont motivé et accompagné l'un de ses nombreux voyages en Afrique, le plus significatif parmi tous les autres, à la rencontre de l'Art Nègre ; parler de ceux qui en ont parlé et qui continuent d'en parler, ceux qui l'étudient et le défendent ; parler des témoignages éloquents qu'ils ont livré sur l'Art Nègre, eux qui sont, pour la première fois, réunis en une même place en terre africaine, lors du Premier Festival Mondial des Arts Nègres de Dakar en 1966 ; parler de sa rencontre avec un nouveau musée né avec l'indépendance du Sénégal ; et ensuite l'écouter nous livrer quelques extraits de ses « Promenades imaginaires en Afrique» dans son Journal de voyage.
Nous ne nous arrêterons pas sur la fréquentation assidue qu'André Malraux a eu, très tôt, des milieux littéraires et artistiques, des livres rares et anciens, dont il a fait le commerce pour vivre à une certaine époque de sa vie, et son grand intérêt pour les langues orientales, qui ont armé son discours sur l'art, aiguisé sa large culture et ses connaissances des civilisations.
Nous le savons, André Malraux connaissait le philosophe et humaniste sénégalais Alioune Diop et le combat qu'il menait pour la réhabilitation de la Culture et des arts africains, dans le quartier latin, en plein cœur de la Capitale française ; cet ancien sénateur français et ancien Directeur de cabinet d'un Gouverneur de l'AOF, il a fondé la Maison d'Editions « Présence Africaine » en 1947, et la Revue du même nom en 1949, aidé en cela par le Cercle de ses Amis tels que : Michel Leiris, Jean-Paul Sartre, Georges Balandier, Paul Mercier, Léopold Sédar Senghor, Aimé Césaire, Abdoulaye Sadji, Albert Camus, Pablo Picasso, Jacques Rabemananjara, etc. Il tentait de rassembler l'intelligentsia africaine autour de l'avenir du Continent et de la Culture africaine. Ils étaient poètes, écrivains, artistes, historiens, anthropologues, sociologues, traditionnistes africains et de la Diaspora, tous convaincus de l'impérieuse nécessité de se rassembler au nom de l'Afrique, de ses valeurs, et pour son avenir.
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© Présence d’André Malraux sur la Toile, article 119, texte mis en ligne le 26 décembre 2011.
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