art. 125, février 2012 • Olivier Germain-Thomas : «Les yeux fertiles d’André Malraux» (1996)

Nul autre que Malraux n’a eu ce génie de faire vivre par le verbe des images qui s’épousent. La culture était faite de figures vivantes qui dialoguaient à travers le temps et l’espace. Abolition des chronologies et des étiquetages. Sa pensée, analogique et non linéaire, avançait par intuitions successives. Les liens n’apparaissaient qu’après, rencontre de rivières souterraines. Impossible de le suivre dans tous ses méandres, mais on ressortait de chez lui en état d’ébullition créatrice, bousculé et grandi. Il avait ouvert des portes closes par les conventions, qui sont la mort de l’intelligence. Dans le domaine spirituel, les maîtres ne jouent pas un autre rôle : éveiller.

[…]

Il n’a jamais écrit la phrase répétée par les perroquets : «Le XXIe siècle sera religieux ou ne sera pas», formulation fermée qui n’est pas conforme à sa pensée. Il a annoncé et attendu une métamorphose des valeurs religieuses, il l’a placée sous le signe de l’imprévisible. Dès mars 1955, dans la revue Preuves, il écrivait : «Le problème capital de la fin de siècle sera le problème religieux, sous une forme aussi différente de celles que nous connaissons que le christianisme le fut des religions antiques, mais il ne sera pas le problème de l’Être.»

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© Présence d’André Malraux sur la Toile / www.malraux.org

Texte mis en ligne le 8 février 2012.

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